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sont, outre la S. A. B., celles des Magasins Généraux, du chemin de fer du Congo, des produits du Congo, du Katanga, qui toutes ont pris des développemens considérables. Elles ne sont pas seules et l’on compte actuellement, constituées spécialement au point de vue du trafic dans l’Etat indépendant, 65 sociétés coloniales formant un capital global d’environ 250 millions de francs. Il y a neuf ans, 34 millions seulement s’y trouvaient engagés ; et il y a quatorze ans, quand se fonda la première compagnie, il fut presque impossible de trouver le modeste million nécessaire à sa constitution.

Le mérite personnel des directeurs de sociétés en Afrique étant la première condition de réussite, leur insuffisance a malheureusement produit déjà plus d’un mécompte. En revanche, la base même des opérations commerciales y présente les aspects les plus séduisans : l’ivoire, le caoutchouc, les gommes copales, les noix palmistes forment les principaux articles d’exportation ; l’échange s’en fait surtout contre des tissus de laine ou de coton et des perles. Or, on peut évaluer à 200 pour 100 le bénéfice de la vente des produits européens aux indigènes et on n’exagère certes pas en estimant aux mêmes chiffres la vente des produits du Congo en Europe. Le trafic de l’ivoire, aujourd’hui moins abondant qu’autrefois, est compensé par la récolte du caoutchouc, qui se révèle étonnamment prospère. En trois années, son exportation s’est élevée, de 1 million et demi de kilos en 1897, à 3 millions et demi de kilos en 1899, soit une valeur de 30 millions de francs. Rien n’autorise à croire qu’elle doive diminuer. Une statistique récente établit, par exemple, que le bassin du Kassaï, exploité presque tout entier par les sociétés, fournit à peine annuellement un kilo de caoutchouc par hectare, dans des terrains où le précieux latex se trouve cependant en abondance, mais manque de bras pour le récolter. Que dire de l’herbe à caoutchouc, dont on commence seulement à connaître la valeur, et dont l’énorme quantité, dans certaines régions, permet d’entrevoir des réserves aussi inépuisables au milieu de la brousse qu’elles le sont à l’ombre de la forêt ? L’État, justement préoccupé de conserver cette source de richesses, surveille sévèrement les modes de récolte, interdisant la coupe des lianes ou des arbres et prescrivant la manière de les saigner. Bien plus, il s’oblige lui-même et oblige tout exportateur de caoutchouc à planter annuellement autant de fois 150 plants qu’il aura expédié de tonnes. Le contrôle