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UNE VISITE
Á
L’ÉTAT INDÉPENDANT DU CONGO

Il y a vingt-cinq ans, à la suite d’explorations hardies tentées dans l’Afrique équatoriale, l’attention du monde fut attirée sur ces contrées jusqu’alors inconnues. Le roi Léopold II, préoccupé depuis longtemps de la nécessité pour la Belgique d’étendre son activité vers des débouchés coloniaux, sut, l’un des premiers, juger toute l’importance du mouvement qui se préparait.

Un jour, en 1876, il mandait dans son cabinet de Laeken le baron Lambermont, l’un des hommes d’État belges qui ont le mieux contribué au développement politique du pays, et lui parlant de ce qu’avaient fait Livingstone, Stanley, Cameron, Schweinfurth, le souverain développa au ministre son intention de pousser les Belges, eux aussi, à tenter là-bas de grandes choses. Il s’agissait de les lancer, au nom de la civilisation, vers ces contrées dont l’état de barbarie déshonore notre siècle, et l’heure semblait venue de mettre en action les élémens d’un effort commun. De ce jour date l’histoire de l’État indépendant du Congo.

Quelques mois plus tard, une conférence géographique internationale était invitée à se réunir au palais de Bruxelles ; le Roi en acceptait la présidence, et des premiers travaux naissait l’Association internationale africaine dont les comités nationaux, notamment ceux de Belgique, d’Allemagne et de France, se signalèrent dans la suite par d’importantes explorations. Tous avaient