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LES
ÉPOQUES DE LA MUSIQUE

LA SONATE POUR PIANO


The piano forte sonata, its origin and development, by J.-S. Shedlock, B. A. — Methuen and Cie, London.


C’est une « espèce » admirable et disparue, dont l’évolution totale s’est accomplie en deux cents années, de la fin du XVIIe siècle à celle du nôtre.


La sonate pour piano, forme de la musique pure, en est une forme plus libre que la fugue, plus idéale que la « suite, » et moins sociale que la symphonie. Celle-ci gardera toujours l’avantage du nombre. Elle le possède en quelque sorte deux fois : elle existe par le nombre et pour le nombre. Elle doit au nombre non seulement l’intensité, mais la variété des sons. La sonate pour piano peut-être, — et chez Beethoven elle l’est souvent, — symphonique autant que la symphonie même par le développement et la combinaison des idées ; elle ne saurait l’être par la diversité des timbres. Infinie en ses lignes, elle est bornée dans sa couleur. La symphonie est foule et s’adresse à la foule. Le génie ou l’âme d’un Beethoven est divisé par elle deux fois : entre ceux qui l’exécutent et entre ceux qui l’entendent. La sonate pour piano ne demande au contraire qu’un seul interprète et peu d’auditeurs. De ces derniers même elle peut se passer, et