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compagnon d’armes de Valmy, le commandant d’artillerie de Sénarmont, Mlle Calixte Hufty de Busnel, dans tout l’éclat de sa grâce, de sa beauté et de ses vingt ans.

Pendant quelques semaines, la guerre et ses dangers furent oubliés dans la maison patriarcale de Philippe ville. Il fallut bientôt la quitter. Hoche successeur de Beurnonville à l’armée de Sambre-et-Meuse, impatient de gloire, avait passé le Rhin le 20 avril 1797. Hardy prit la poste pour rejoindre l’armée. C’est à cette date que commence la correspondance avec sa femme, dont il fut presque toujours séparé, et qui jette une vive lumière sur les événemens auxquels il prit part jusqu’à sa mort à Saint-Domingue, en 1802.

S’il faut être un peu en garde contre les auteurs de Mémoires qui racontent, dans tous les moindres détails, les événemens auxquels ils n’ont pas assisté, qui entrent dans tous les secrets d’Etat ou des plans militaires, et qui vous donnent audacieusement la relation exacte de toutes les batailles livrées plus ou moins loin d’eux, il n’en va pas de même avec des lettres intimes comme celles-ci, qui n’étaient pas destinées à être publiées, qui n’ont pas été écrites pour le besoin de la cause avec quelque arrière-pensée, mais bien sous l’impression du moment, de la chose vue, avec ce tour singulier de conversation, mêlé de plaisanterie, de sérieux et de tendresse, qui s’allie si naturellement au sentiment du devoir, à l’esprit d’abnégation et au plus noble courage.

Le général Hardy de Périni, qui a hérité des goûts militaires de son ancêtre et à qui l’on doit le récit en plusieurs volumes de nos Grandes Batailles françaises depuis Bouvines jusqu’à Rocroy, a tenu à honneur de recueillir ces lettres de son grand-père, après en avoir élagué tout ce qui lui semblait trop intime ou familial, pour ne conserver que ce qui intéresse l’histoire. On y verra quel fut le rôle important rempli par le général Jean Hardv durant ces cinq années, à l’armée de Sambre-et-Meuse, où il prend le direction des sièges d’Ehrenbreitstein et de Fort-Cassel et commande 20 000 hommes, avec résidence à Coblentz. C’est dans cette ville, au siège de son commandement, qu’un an à peine après la mort de Marceau, dont il venait de célébrer l’anniversaire, il eut le triste devoir de faire transporter le corps de Lazare Hoche, également son ami et son compagnon d’armes, et de prononcer son oraison funèbre.

La Correspondance du général Jean Hardy permet de le suivre