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les dévots des chapelles humanitaires, de voir, ainsi, les fumées de l’humanitarisme se condenser en vapeurs de sang, et de constater que la Commune, pour avoir vainement tenté d’asseoir ses institutions militaires sur la haine du militarisme, avait entraîné d’innombrables vies humaines dans une boucherie plus stérile et plus inféconde que ne le fut jamais aucune des guerres d’antan.


VII

Une désillusion suprême s’entrevoyait : l’éclat même des principes maçonniques, naguère réputés tout-puissans pour unifier ici-bas, en une sorte de cité humaine, la multitude des pairies, subissait une éclipse. Il semblait que, dans l’Allemagne victorieuse, ces principes eussent dû être comme le sel qui féconde la terre, puisque, sur le trône même, la maçonnerie allemande s’enorgueillissait d’avoir des fidèles. Mais on assistait à des apostasies douloureuses ; et la superbe germanique traitait d’insolens ou de fous les maçons étrangers qui prenaient à son endroit la liberté d’une remontrance ou d’un signe de détresse. De surprise, la maçonnerie internationale dut reculer, et rarement ambitions confiantes en elles-mêmes subirent une plus lourde chute.

Le 26 avril 1867, la loge des Trinosophes de Bercy, dont Foussier était alors vénérable, avait adressé une planche aux loges d’Allemagne en faveur de la paix, menacée par l’affaire du Luxembourg. La Grande loge de Francfort-sur-le-Main et les Enfans de la Concorde fortifiée, de Luxembourg, avaient fait à ce message l’honneur d’une chaleureuse adhésion : M. Alfred Desrues, historiographe des Trinosophes, ne publie ni ne mentionne aucune autre réponse. Malgré l’indéniable indifférence qu’avait rencontrée leur appel dans les loges d’outre-Rhin, un certain nombre des Trinosophes continuèrent leurs coquetteries. Ils avaient pour vénérable, en 1870, un observateur apparemment impartial, à qui les « chefs prussiens » semblèrent être cause de la guerre, et ce vénérable — on l’appelait le frère Pugeault — s’opposa, pour ce motif, dans la tenue du 13 juillet, à ce qu’on adressât un nouveau manifeste aux puissances maçonniques. Mais Foussier, futur conseiller municipal de Paris, obtint que la loge passât outre et fut chargé de rédiger le manifeste. Confiant en l’avenir, et considérant que, « tout en étant sensible aux malheurs publics, les Trinosophes sont d’un groupe qui a sa vie propre, » Foussier fit