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charge du fondateur et il faudrait un chiffre de cent étudians, m’a dit M. Wilson, pour que Ruskin Hall mît son budget en équilibre. Le rêve, ce serait d’installer ces ouvriers à la campagne, au milieu d’une exploitation rurale qui leur permettrait de gagner sur place leur pension en leur laissant les loisirs suffisans pour l’étude.

Si le nombre des résidens est, jusqu’ici, très limité, celui des correspondans est déjà considérable. Il était de plus de douze cents en mars ; il dépasse aujourd’hui quinze cents. Ces correspondans sont admis après avoir rempli une feuille de questions, ingénieusement combinées, et rendu compte de leur éducation antérieure comme de leurs visées actuelles. Ils adressent à Ruskin Hall des travaux écrits qui leur sont retournés avec des corrections. Les maîtres s’occupent d’organiser des tournées dans certains centres où ils se mettront en rapport direct avec les correspondans, les interrogeront et jugeront ainsi de leurs progrès.

Tout cours d’études doit aboutir à une conclusion sous forme d’un diplôme. On se propose d’instituer un certificat et, pour obtenir ce certificat, les candidats n’auront pas seulement à justifier de certaines connaissances théoriques, mais à prouver qu’ils en ont fait quelque application pratique. Rien de mieux, mais comment s’y prendra-t-on ? C’est ce que je ne devine pas et ce qu’on n’a pu m’expliquer. Si les initiateurs de Ruskin Hall réussissent à enlever aux examens et aux concours leur caractère exclusivement spéculatif et théorique, ils auront rendu un grand service à la pédagogie et à l’humanité.

On ne dit plus Ruskin Hall au singulier, mais on parle couramment des Ruskin Halls. Une maison de ce genre s’est ouverte à Manchester ; une autre à Birkenhead ; Birmingham en possède deux et d’autres sont en formation à l’heure où j’écris. M. Vrooman, depuis le mois de décembre, a passé la main aux Trade Unions et aux Sociétés coopératives. La première de ces agglomérations de travailleurs a derrière elle 4 millions d’Anglais ; les coopératives comptent 1650 000 associés. Un conseil supérieur a été élu pour surveiller et diriger les Ruskin Halls, mais ce conseil ne paraît pas prendre ses devoirs très au sérieux, car l’un de ses membres les plus considérables, M. Macdonald, a cru pouvoir, dans une interview avec un rédacteur du Sun, se laisser aller à des moqueries grossières contre M. Vrooman et contre son