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couverture glacée, puisse se développer avec ampleur, comme il arrive dans les autres mers.


Le contraste est saisissant, entre les conditions du milieu, de chaque côté de cette couche de glace : d’une part, c’est le royaume du froid, d’autre part, c’est, relativement, le royaume du chaud. Au-dessus, dans l’air, la température, dans les circonstances les plus excessives, peut tomber à 40° ou 50° de froid. Au-dessous de la plaque glacée, la condition climatologique est presque tempérée. Le thermomètre subit une brusque oscillation en passant d’une région à l’autre. Les conditions sont dures pour l’être aérien ; elles sont normales pour l’être marin.

Les circonstances de température ne sont pas les seules à envisager. La lumière a aussi son rôle. Il y a des conditions d’éclairement, nécessaires à un grand nombre d’organismes végétaux. A certaines périodes, la glace diminue d’épaisseur. Lentement détruite par la fusion, dans sa partie plongée, il arrive qu’elle ne peut se reformer, dans sa partie émergée, parce qu’il ne se produit point de précipitations de neige. Alors, la couverture glacée devient plus ou moins translucide, et les conditions d’éclairement nécessaires à la vie végétale, sont suffisamment réalisées.


On aperçoit, sans peine, la conséquence de cette constitution du milieu marin, au-dessous de la banquise, au point de vue de la vie, animale ou végétale. Il reste à savoir dans quelle mesure elle va lui permettre de se manifester.

Le meilleur moyen pour élucider cette question est de se guider sur les observations de l’expédition antarctique belge. La tâche d’étudier la flore et la faune avait été confiée à un jeune naturaliste très distingué, M. Racovitza. Nous n’aurons qu’à suivre ses descriptions à la fois savantes et pittoresques. Il sera permis, ensuite, de conclure de la région antarctique à la région arctique.

Il est, en effet, facile de constater l’extrême analogie des conditions de toute espèce, dans ces deux régions antipodes, et, particulièrement des conditions physiques. La banquise dans laquelle le navire la Belgica est resté emprisonné pendant plus d’une année, du 16 février 1898 au 15 mars 1899, était tout à fait comparable à celle qui a retenu le Fram pendant trois années. Elle