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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 septembre.


Si on a trouvé, il y a quinze jours, que nous ne montrions qu’une confiance médiocre dans la parfaite entente des puissances en Chine, on avouera que les incidens survenus depuis ont justifié nos craintes. Nous aidons comme un pressentiment ; de ce qui allait se passer, et nous en avons dit les motifs. La politique de l’Europe à l’égard de la Chine s’est modifiée à partir du jour où l’Allemagne s’est introduite dans les affaires d’Asie, et par une conséquence naturelle, la Chine, inquiète et affolée, a modifié son attitude à l’égard de l’Europe ou, pour mieux dire, de toutes les puissances avec lesquelles elle se trouvait en rapport. Nous ne referons pas cette histoire ; elle est d’hier. La Chine, pour se débarrasser d’une obsession qui prenait de plus en plus le caractère d’un cauchemar, a employé des moyens atroces ; elle a violé tous les principes du droit des gens : elle a versé des flots de sang. Les puissances ont dû intervenir et marcher sur Pékin : mais, une fois arrivés là, un problème redoutable s’est dressé devant elles. Fallait-il chercher les moyens les plus rapides de faire la paix avec la Chine ? Fallait-il plutôt prolonger la guerre, pour s’assurer une hégémonie plus absolue sur le Céleste Empire ? Fallait-il enfin pousser les choses jusqu’au point où l’unité de l’Empire pourrait être compromise, et où le démembrement se produirait presque fatalement ? Bien que tous les gouvernemens protestassent avec une égale énergie de leur désir, ou même de leur volonté d’éviter ces dernières solutions, considérées à juste titre comme dangereuses, leurs intérêts étaient quelquefois trop opposés et leurs vues trop contradictoires pour qu’il n’y eût pas des divergences dans la manière dont ils envisageraient la situation. Il était inévitable que les uns, considérant le but principal comme atteint, voulussent conclure le plus vite pos-