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européennes qui se disputèrent la domination de la péninsule balkanique est autrement importante pour l’histoire du monde que les dernières convulsions des empires arabes prêts à se dissoudre. Par malheur, si les affaires d’Asie, à cette époque, nous sont bien connues grâce à la richesse des sources orientales, il n’en est pas de même pour les affaires d’Europe. M. Schlumberger ne se lasse pas de dénoncer l’indigence et la misère des informations byzantines. Soit que les chroniques les plus importantes de cette époque ne soient pas arrivées jusqu’à nous, soit que les historiographes de la Ville n’eussent d’attention que pour les menus incidens du Palais et de l’Eglise, soit qu’ils aient cédé, comme Zonaras, à un esprit de rancune contre un Basil eus contempteur des « philosophes, » ces événemens d’une importance capitale pour la race grecque nous restent très mal connus. Ce sont des informations vagues, décousues, sans précision, que M, Schlumberger a eu la plus grande peine à classer en leur rang chronologique, grâce à quelques dates que lui ont fournies les écrivains arabes ou syriens, Basile II, héritier de Jules César, a négligé de nous laisser des « Commentaires, » et l’hellénisme semble avoir témoigné d’une étrange indifférence pour le plus héroïque de ses champions.

Le tsar Samuel était déjà vieux quand le Basileus de vingt-six ans se présenta pour lui disputer ses conquêtes ; toutefois il avait conservé toute son audace et toute l’âpreté de ses ambitions. Il profita, pendant des années, de ce que l’empereur était occupé en Asie par la terrible révolte des stratèges Bardas Phocas et Bardas Skléros, pour renouveler ses incursions en Thessalie. En 986, traversant de nouveau cette province, il se disposait à envahir le Péloponnèse, où ses émissaires avaient sans doute travaillé les Milingos et Ezérites de Laconie. Tout à coup, nous le voyons rebrousser chemin vers le nord. C’est que sur son flanc l’armée impériale, commandée par Basile II, s’était mise en mouvement. Remontant la Maritsa, longeant les pentes du Rhodope, elle avait évidemment pour objectif la grande forteresse bulgare de Srédelz ou Triaditsa, aujourd’hui Sofia. Basile II avait déjà franchi la Porte Trajane et le défilé où passe aujourd’hui le chemin de fer de Philippopolis à Sofia et que parcourait une voie romaine. Il avait mis le siège devant Srédetz lorsque Samuel, accourant du midi à marches forcées, bloqua l’armée assiégeante, la réduisit à la famine et la contraignit à faire retraite. Lorsqu’elle repassa la