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reproduite dans son volume sur Nicéphore Phocas, représente Basile II en costume de guerre. Cette image a toute la valeur d’un portrait contemporain. Au-dessus de l’empereur, se dégageant de l’azur, apparaît le Christ suspendant une couronne sur la tête de son fidèle champion. A droite et à gauche des archanges, portant la main aux armes de celui-ci ; les effigies des saints guerriers de l’empire, Démétrius de Salonique, saint Georges, les deux Théodore, etc. Aux pieds du souverain sont prosternés, rampant sur les genoux et les coudes, suivant le protocole, des courtisans grecs ou les ambassadeurs des nations vaincues. L’empereur, la lance dans la main droite, le glaive dans la gauche, nous apparaît comme un guerrier vigoureux, aux traits fermes et sévères. La barbe est toute blanche. En tête, la couronne avec l’auréole, Le torse, élégant et svelte, est emprisonné d’une souple cuirasse en mailles d’or ; sous la gorge, une fibule ornée d’un rubis retient le manteau léger qui flotte sur les épaules. Une tunique de pourpre violette, à large bordure d’or, descend jusqu’aux genoux. Les jambes sont guêtrées de bleu, les pieds chaussés des campagia ou brodequins de pourpre rouge. Tel se présente à nous « Basile, fidèle au Christ, Basileus des Romains. »

Pour la lourde tâche qu’il avait assumée, il tendit tous les ressorts de son énergie personnelle comme il tendait tous les ressorts de l’empire. Rien qui pût le détourner de l’œuvre à laquelle il s’acharnait. Point de luxe inutile : à peine quelques joyaux sur ses vêtemens d’apparat, de pourpre aux teintes sombres, quand il devait paraître en public et recevoir des ambassadeurs étrangers. Tout le reste de ses joyaux dans les coffres du fisc, dans le trésor de guerre. Point de cour parasite : même les philosophes et grammairiens, pour lesquels son aïeul le Porphyrogénète avait été un protecteur et un confrère, disparurent du palais. « Il n’avait, affirme Zonaras, aucun penchant pour les hommes de science et dédaignait l’instruction, qu’il considérait comme un bavardage inutile. » Reste à savoir si la science et l’instruction de ce temps, c’est-à-dire la scolastique byzantine, auraient pu empêcher Constantinople d’être mise à sac par les Bulgares. Enfin, un point sur lequel insiste M. Schlumberger, c’est que l’élément féminin, cause de tant de révolutions byzantines, est totalement absent de cette histoire. « Par une exception à peu près unique, Basile II semble n’avoir pas été marié. » Il laissait à son frère le soin de reproduire la race impériale comme il lui laissait la tâche de