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chassa honteusement de sa capitale, après l’avoir dépouillée de ses armes, de ses munitions et de ses vêtemens, une mission tout amicale et pacifique dirigée par un de nos officiers. Dans le même moment (février 1898), un de nos détachemens, installé à Kong depuis le 25 janvier, fut assiégé quinze jours (durant par deux ou trois mille sofas de Samory, et délivré seulement le 27 février, grâce à une marche rapide du, commandant Caudrelier. En d’autres termes l’exemple de traîtrise donné par Samory était suivi par d’autres, et Samory lui-même devenait chaque jour plus agressif.

Tout en maintenant le drapeau tricolore dans les postes convoités par les Anglais jusqu’à l’issue des négociations de Paris, une première et sérieuse leçon fut infligée à Babemba : le nouveau lieutenant-gouverneur du Soudan, le colonel Audéoud, forma une colonne, avec l’autorisation expresse du gouvernement (15 février), la mit en marche au commencement d’avril et s’empara de Sikasso le 1er mai, après de vifs combats. Samory étant désormais coupé de toute alliance indigène et dans l’impossibilité de s’échapper vers l’Est, une action combinée put enfin être organisée contre lui : avec le lieutenant-colonel Berlin, les commandans Pineau et de Lartigue pour seconds, le lieutenant-gouverneur du Soudan prépara un ensemble de mouvemens stratégiques qui, exécutés d’avril à octobre, aboutirent à la capture de Samory et de ses fils.

La « paix française » régnait désormais dans l’Afrique occidentale. A part le dernier effort militaire dirigé contre l’almamy, aucune dépense exceptionnelle n’incomba de ce chef à la métropole.


V

Telle fut l’œuvre accomplie en quelques mois dans la boucle du Niger par l’activité, malheureusement un peu tardive, de l’administration coloniale et de la diplomatie françaises. Dans la pensée du gouvernement, cette œuvre se complétait par deux missions dirigées vers les régions que la convention franco-anglaise de 1890 mettait alors dans la zone d’influence de la Fiance : le capitaine Cazemajou, parti en février 1897, avait reçu mandat du Comité de l’Afrique française de se porter vers le lac Tchad et de tâcher d’instituer des relations de bon voisinage avec Rabah, le