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en somme assez pauvres, » certaines périodes sur le droit de la vie humaine à l’inviolabilité, dénonça le crime de Bresci comme un « atroce attentat à la puissance suprême qui s’incarne dans toute forme de gouvernement. » Don Albertario, qui, il y a moins de deux ans, expiait dans les cachots de Finalborgo, de par la volonté de M. le général Pelloux, de prétendues infractions au principe d’autorité, écrivit dans l’Osservatoro cattolico :


Nous souffrons comme citoyens, et citoyens chrétiens, reconnaissant dans le Roi le représentant de l’autorité placée de par la volonté de Dieu au milieu des hommes, voyant dans l’auguste victime non sa personne seulement, mais l’institution qu’elle représentait, et sachant que c’est cette institution surtout qu’a visée l’assassin, qu’il a voulu tuer et supprimer, dans cet orgueil de l’homme qui ne peut supporter aucune représentation du principe d’autorité, — principe qui vient de Dieu et ne peut trouver d’appui solide qu’en Dieu.


En surprenant de semblables accens dans les journaux catholiques, la presse dynastique espéra tout de suite qu’ils étaient les bruits précurseurs d’une conciliazione. Que n’y voyait-elle plutôt, et plus simplement, une conséquence naturelle de la doctrine catholique sur le pouvoir et sur la société ? Avait-elle donc oublié que, tout au début de son pontificat, Léon XIII avait fait exprimer à la cour d’Italie l’indignation que lui causait l’attentat de Passanante ? Et ne se souvenait-elle plus que, lorsque Humbert Ier fit vaillamment son devoir de roi en affrontant le choléra napolitain, Léon XIII avait chargé le cardinal San Felice de le complimenter ? Ni l’une ni l’autre de ces démarches n’avaient eu la portée d’une déclaration d’amour, prologue indispensable de tout connubio.

Ce rapprochement aurait dû suffire pour rendre les publicistes monarchistes plus réservés en leurs commentaires. Mais ils se rappelaient à propos qu’Humbert Ier, peu de jours avant sa mort, avait pourvu d’aumôniers les troupes expédiées en Chine, et que le discours dont il avait salué leur départ avait invoqué Dieu pour le succès des armes italiennes : n’était-ce point assez du prestige de ces deux souvenirs pour supprimer, dans la conscience du clergé, la question romaine ?

Ils voyaient le vieux Corso, ce Corso auquel aucun pape, quelque ambitieux qu’il fût, n’avait osé imposer son nom, cette route historique du peuple et du carnaval romains, recevoir le nom d’Humbert Ier ; ils constataient qu’au Conseil municipal de