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Je sais bien qu’il est convenu qu’on ne fera plus de signaux au cours du combat, et l’on pense avoir ainsi résolu la difficulté. Pas tant que cela ; car, s’il n’y en a plus au cours du combat, il y en aura forcément au début, alors que déjà les projectiles pleuvront sur les passerelles.

Simplifions donc nos signaux. Que l’on ne veuille pas dire ni savoir tant de choses. Et il me paraît qu’à ce point de vue la méthode expérimentée dans l’escadre de la Méditerranée a beaucoup de bon. Sera-t-elle adoptée par celle du Nord ? Je n’en sais rien. On est si « chacun de son bord » chez nous, et de si bonne foi ! ...

Au reste cette réunion des deux escadres en armée navale doit logiquement avoir pour résultat, — entre bien d’autres, — l’examen, la discussion, l’essai loyal des méthodes diverses, et, pour conclusion, le choix définitif des meilleures.

Ce soir, après une répartition nouvelle des bâtimens dans chaque escadre, branle-bas et exercice de combat. L’escadre des croiseurs se bat encore contre la nôtre, augmentée du Bouvet. Justement, on se sert du système de mouvemens « tous à la fois » de l’escadre du Midi, mais pas avec un plein succès, me semble-t-il. Un moment les deux escadres se rapprochent brusquement. Vont-elles se traverser ? — Emotion... Mais le commandant en chef, aussitôt, fait rompre le combat. Il en coûterait trop, peut-être, et l’on ne peut risquer ce paquet.


5 juillet.

Ce matin nous sont arrivés les « bleus » confidentiels, — c’est inimaginable, ce qu’il y a de choses confidentielles dans la marine ! — au sujet du mouillage dans la baie de Quiberon et de l’attaque des positions défendues. Comment sont arrivés ces bleus ? — Bien simplement : nous avons une boîte, un cylindre étanche, que nous fixons à une bouée. Au moyen d’un cordage, d’un « faux bras, » nous filons la bouée et la boîte à un torpilleur-estafette qui s’en empare, ouvre la boîte, y met les bleus, la referme, jette le tout à l’eau et nous fait signe de haler à bord. Ce que nous faisons.

Qu’y a-t-il dans ces bleus ? Hé ! je ne le sais point, n’ayant pas lu les journaux de France, et pour cause...

En gros, il s’agit évidemment de s’emparer de cette belle position de Quiberon et d’en faire une base d’opérations combinées,