Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 161.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tous ceux qui étaient à bord du Hoche se sont vaillamment battus<ref> Les bataillons de la 53e demi-brigade, formés en carrés sur le pont, exécutèrent des feux de salve, qui firent de grands ravages dans les équipages anglais. Aussi, quand le commodore monta sur l’épave, il dit à Hardy, on lui tenant la main : « C’était folie, Général, de transformer un vieux bateau désemparé comme le Hoche en un champ de bataille de Sambre-et-Meuse ! »é/ref> ; on ne saurait donner trop d’éloges aux officiers et aux soldats. Notre perte s’élève à 130 hommes, dont 3 officiers ; parmi eux, Vildey, lieutenant au 6e d’artillerie, jeune homme d’un mérite rare et qui donnait les plus hautes espérances. La République perd en lui un brave défenseur et un zélé partisan. Avant d’expirer, il a recommandé sa famille à la sollicitude du Gouvernement ; puis il est mort avec le calme de la philosophie et la tranquillité d’un homme qui a toujours rempli ses devoirs avec honneur et sans reproche. Il emporte l’estime de ses chefs et l’amitié de ses camarades.

Je m’occupe de recueillit les noms de ceux qui se sont particulièrement distingués.

Recevez, Citoyens Directeurs, l’expression du regret bien sincère que j’éprouve de n’avoir pas été mieux secondé par la fortune et de n’avoir pu justifier la confiance dont vous m’avez honoré.


Les Frégates. — Les huit frégates, au signal de former la ligne de bataille sans égard au poste, s’étaient placées en avant du Hoche. La Loire, l’Immortalité et la Bellone en étaient les plus rapprochées. Quand le Robust et le Magnanime assaillirent le vaisseau français, la Romaine vint à son secours et tira quelques bordées sur le Robust. L’arrivée du Canada, du Foudroyant et de l’Amelia obligea la Romaine à virer de bord.

Pendant trois heures, les frégates, que le calme et la houle empêchaient de manœuvrer, durent se tenir à distance des dangereuses bordées des vaisseaux anglais, répondre au feu de l’Anson, du Melampus, de l’Ethalion et de la Doris, et assister, impuissantes, à la magnifique agonie du Hoche. Segond, commandant la Loire, proposa à Legrand, commandant l’Immortalité, d’aborder le Robust ; les grenadiers du général Ménage, entassés sur l’Immortalité, demandaient à grands cris l’abordage. Mais l’Immortalité fit de fausses manœuvres qui l’empêchèrent de se joindre à la Loire, et Segond dut renoncer à se servir de la baïonnette.

Bompard prisonnier, le capitaine de vaisseau Bergevin, à qui revenait la lourde tâche du commandement, fit, de la Romaine, le