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même promesse a été faite, à Paris, aux officiers sans troupes qui ont obtenu de s’embarquer ; ils demandent quand on les paiera. J’appelle, Citoyen Ministre, votre sollicitude sur cet objet.


À Madame Hardy.
13 fructidor (30 août).

Le courrier que j’avais envoyé à Paris est revenu hier au soir. J’avais exposé notre situation au Directoire. Je lui avais fait sentir la presque impossibilité de sortir de la rade tant que l’escadre anglaise, forte, encore aujourd’hui, de trente à quarante voiles, croiserait devant nous et que le vent nous serait contraire. Mais, comme, dans sa dernière dépêche, il me témoignait sa surprise de ce que nous n’étions pas encore sous voiles, je lui ai demandé des ordres positifs pour mettre ma responsabilité à couvert et lui ai promis qu’avec cela rien ne nous arrêterait.

Cette détermination, bien appuyée par le commandant de nos forces navales, a mis la puce à l’oreille à nos Directeurs, Ils ont craint un nouveau coup de crânerie et se sont empressés de me répondre que, quelque pénible qu’il fût de temporiser, ils m’ordonnaient d’attendre qu’un coup de vent, éloignant l’ennemi de nos côtes, nous permît de passer sans nous compromettre.

Nous ne pourrons sortir avant douze ou quinze jours, c’est-à-dire avant l’équinoxe. À cette époque, de violentes bourrasques éloigneront les Anglais de nos côtes. Le vent les rejettera sur les leurs ou dans la Manche, et nous pourrons passer. Dieu le veuille !

19 fructidor (5 septembre).

Ce qui me rend ma femme plus précieuse, plus adorable et plus chère, c’est cette détermination profondément réfléchie qui la porte à me dire : « Va te couvrir de gloire en Irlande et reviens dans mes bras ! »

Oui, mon amie, oui, j’irai où mon devoir et l’honneur m’appellent ; je servirai la cause de l’humanité ; je déploierai l’étendard de la liberté sur le sol de la tyrannie ; je briserai les fers d’un million d’Irlandais et je reviendrai plus digne de toi !

Ma proclamation aux Irlandais a reçu l’approbation du Directoire. Je l’ai fait traduire en anglais et imprimer à 20 000 exemplaires.

Bompard est un bon enfant, brave comme César, franc et