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à l’armée d’Allemagne, du 27 septembre au 15 novembre de la même année, puis à Coblentz, où Mme Hardy rejoint son mari après la signature de la paix, à Udine, près de Campo-Formio ; durant l’expédition d’Irlande ; à l’armée du Danube, du 13 mars au 1er mai 1799 ; pendant la campagne d’Helvétie, du 3 juillet au 28 août de la même année ; à l’armée du Rhin, du 3 novembre 1799 au 26 avril 1800 ; en Bavière, au combat d’Ampfingen, où la division du général Hardy, combattant contre un corps d’Autrichiens trois fois plus nombreux, montra, au rapport du général Dessoles, chef d’état-major, une fermeté et un courage extraordinaires, tandis que son commandant était lui-même blessé[1].

Après avoir été, à la suite de ce beau fait d’armes, nommé inspecteur général aux revues, le général de division Hardy fit partie de l’expédition de Saint-Domingue.

De sa correspondance[2], nous détachons les deux chapitres sur l’expédition d’Irlande et l’expédition de Saint-Domingue, qui pourraient prêter à plus d’un rapprochement avec des événemens encore tout récens.


I


I. — EXPÉDITION D’IRLANDE[3].
A Madame Hardy.


Paris, 27 messidor (14 juillet 1798).

Tu ne t’attendais pas à recevoir de moi une lettre datée de Paris ; je ne songeais pas davantage à te l’envoyer.

Le 19 messidor, à neuf heures du soir, le télégraphe apportait à Strasbourg un ordre de Schérer, ministre de la Guerre, expédié

  1. Bulletin des opérations. Division Hardy.
  2. Cette correspondance sera publiée prochainement par la librairie Plon.
  3. En juillet 1798, après le départ de Bonaparte pour l’Egypte, le Directoire reprit brusquement son projet de porter la guerre dans les îles Britanniques.
    La révolte de l’Irlande, noyée dans le sang par lord Campden, couvait encore sous les ruines, malgré les mesures de clémence adoptées par le nouveau vice-roi lord Cornwallis. Le gouvernement français décida qu’on enverrait aux Irlandais-Unis un chef, le général Hardy, 5 000 hommes de troupes aguerries, de l’argent, des armes et des munitions. Deux divisions navales, réunies à Brest et à Rochefort, étaient mises à la disposition du général Hardy. La plus importante, celle de Brest, comprenait un vaisseau, huit frégates et un aviso, sous le commandement de Bompard, marin résolu et expérimenté. Nous verrons, par les lettres qui suivent, comment elle fut retenue, du 1er août jusqu’au 17 septembre, dans la rade de Brest, bloquée par une escadre anglaise.