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équipages, les matelots n’ont pas plus d’aumôniers que les soldats dans leurs casernes ; mais, quand ils font campagne, aux uns comme aux autres l’État donne des aumôniers. La vérité est qu’en pratique nos matelots sont moins favorisés que nos soldats, car tous les navires de guerre n’ont pas d’aumônier, et très rares même sont ceux qui en possèdent.

D’autre part, sur un navire-hôpital, en dehors des secours religieux qu’il accorde, l’aumônier est encore chargé avec raison d’une foule de détails dans le service du bord : c’est lui qui délivre des journaux, des livres et surtout des objets de première nécessité (jerseys, mitaines, etc.) dont certains pêcheurs peuvent se trouver inopinément dépourvus ; c’est encore lui qui distribue les lettres venues de France. Il est bien entendu que ces délivrances se font gratuitement, et qu’il en est de même des journées d’hôpital, car rien ne se paye à bord.

De tous les services rendus aux pêcheurs par les Œuvres de mer celui qui certainement les touche le plus est la distribution des lettres, ce qui leur permet d’entretenir des relations avec leur famille et leur pays, alors qu’autrefois, des pères de famille pouvaient rester six mois sur le banc sans recevoir de nouvelles de leur foyer. Les navires-hôpitaux seuls, grâce à leurs croisières intensives, pouvaient assurer convenablement ce service. Entre deux croisières ils poussent une pointe à terre pour y déposer dans les hôpitaux les malades recueillis. Ce moment de contact leur permet de remettre à la poste les lettres confiées par les pêcheurs et d’y prendre les lettres venues de France pour les pêcheurs auxquels ils les distribuent dans leur prochaine croisière. Rien que sur le banc de Terre-Neuve, le navire-hôpital a ainsi transmis 5 929 lettres en 1898, et 9 831 en 1899.

Quand la saison de pêche est terminée, et que sonne l’heure de rentrer en France, les navires-hôpitaux couronnent leur campagne en rapatriant dans d’excellentes conditions de confort les pêcheurs malades et convalescens attardés dans les hôpitaux à terre, et c’est ainsi qu’ont été rapatriés de Saint-Pierre (Terre-Neuve), 21 malades en 1897, 22 en 1898, et 20 en 1899.

L’assistance des Œuvres de mer pour Terre-Neuve a, de plus, installé à Saint-Pierre, en vue des pêcheurs en relâche et de ces enfans si intéressans, les graviers, un local ou Maison de famille, où ces braves gens peuvent venir passer leurs soirées, et où ils trouvent dans des salles bien éclairées des livres, des