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Les choses marchèrent ainsi jusqu’en 1892, et pourtant le coffre à médicamens, dont la composition remontait à plus de soixante-dix ans, était absolument démodé et insuffisant. Mais, à partir de 1892, on constate avec plaisir que des efforts incessans ont été faits pour assurer l’assistance à nos pêcheurs, tant de la part de la Marine que de la part de l’initiative privée. Sous l’impulsion de l’amiral Gervais, chef d’État-major général, la Marine, en 1893, a imposé aux armateurs, pour leurs navires de pêche, un coffre à médicamens longuement et sagement étudié, auquel est adjointe une instruction médicale très claire que les marins désignent sous le nom pittoresque de médecin de papier. Ces dispositions sont prises surtout en vue des secours urgens.

La preuve que la Marine n’a pas mal fait les choses est que, dans le numéro d’avril 1895 d’une Revue allemande spécialement consacrée aux pêcheurs[1], nous trouvons la traduction de ces deux documens (composition du coffre et instruction médicale) avec ce commentaire : « Il serait désirable qu’une commission, composée de pêcheurs expérimentés, de capitaines et de médecins, réglât cette question des secours médicaux à bord des bateaux allemands ; les instructions françaises pourraient servir de modèle. »

Nous arrivons enfin, comme couronnement de l’assistance pour nos pêcheurs du large, à l’œuvre bienfaisante entreprise par l’initiative privée : nous voulons parler de la Société des Œuvres de mer.


III


C’est en 1895, avons-nous dit, que s’est constituée la Société des Œuvres de mer avec l’amiral Lafont comme président et M. Bailly, ancien lieutenant de vaisseau, comme secrétaire général. Dès le début, son programme de bonne et saine philanthropie a été complet, car son objectif était de faire croiser sur les lieux de pêche des navires-hôpitaux pour porter directement à nos pêcheurs secours et assistance. Ajoutons de plus que la Société n’a pas perdu de temps, puisque, moins d’un an après la création de l’œuvre, le 21 avril 1897, son premier navire-hôpital, le Saint-Pierre, partait pour le banc de Terre-Neuve.

Dès les premiers jours de sa création, la Société n’avait pas

  1. Mittheilungen des deutschen Seefischereivereins.