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LES ŒUVRES DE MER

La Société des Œuvres de mer, fondée en 1895 sous la présidence de l’amiral Lafont, a pour objectif de faire croiser des navires-hôpitaux sur les lieux des grandes pêches, et de porter ainsi sur place à nos pêcheurs du large des secours matériels et moraux. Quand on se rappelle que, jusqu’à cette date, nos 1 6 000 pêcheurs de la haute mer vivaient pendant de longs mois dans un isolement farouche, il est facile d’apprécier l’utilité de l’œuvre entreprise par les hommes de cœur qui ont fondé cette Société et de comprendre la chaude sympathie qu’a rencontrée pareille œuvre d’assistance partout où il a été possible d’en faire connaître le noble but.

Avant d’exposer le fonctionnement de la Société des Œuvres de mer, faisons d’abord connaissance avec ces pêcheurs du large trop longtemps négligés, pour ne pas dire ignorés.


I

Par leur rude métier et les dangers qu’ils bravent, les marins des grandes pêches constituent pour ainsi dire, par rapport aux pêcheurs du littoral, une espèce de caste vaillante et fière.

La grande pêche se pratique loin de nos côtes ; c’est la pêche du large, la pêche de la haute mer ; les Anglais disent « de la mer profonde » (deep-sea).

Pour les marins français les lieux de grande pêche sont :

Terre-Neuve, avec 10 000 pêcheurs ;

L’Islande, avec 4 000 pêcheurs ;

La mer du Nord, avec 2 000 pêcheurs ;

Ce qui représente au total 16 000 pêcheurs du large.