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LE DERNIER BIENIFAIT DE LA MONARCHIE
LA NEUTRALITÉ DE LA BELGIQUE

III[1]
OUVERTURE ET ACTES DE LA CONFÉRENCE DE LONDRES


I

Le choix de M. de Talleyrand pour l’ambassade de Londres fut l’œuvre personnelle du roi Louis-Philippe, et ce fut même la seule occasion qu’il eut d’intervenir directement pour faire prévaloir son sentiment dans le cours des résolutions qui furent prises en son nom, pendant les premiers mois de son règne, par le ministère qu’il avait formé.

Ce ministère avait dû être composé d’élémens très divers, choisis parmi les hommes de quelque renom qui avaient bien tous pris part au mouvement de juillet 1830, mais par des motifs et avec des sentimens très différens : aussi bien ceux qui n’y avaient adhéré qu’à regret que ceux dont l’animosité intransigeante contre le principe même de la Restauration, en inquiétant et en effrayant Charles X, l’avait peut-être poussé à l’acte qui l’avait perdu. Tandis que la droite du cabinet comprenait d’anciens ministres de la Restauration, comme M. le comte Molé et des opposans toujours corrects, tels que MM. de Broglie et Guizot, la gauche

  1. Voyez la Revue du 1er décembre 1899 et du 15 janvier 1900.