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pestiféré. Du jour où le poison a pénétré dans son sang, il doit perdre sa liberté, qui constitue un péril public. On doit le condamner à l’isolement, dans quelque lazaret de montagne, où la terre sera sèche, où l’air sera pur, et où ne monteront pas les insectes qui naissent sur les eaux. Il redeviendra un citoyen maître de ses droits quand le sang de ses veines aura été désinfecté.

L’ultimatum que les écrits récemment publiés sur la malaria semblent poser aux pouvoirs publics n’a pas encore été officiellement formulé ; mais on peut le résumer d’avance en deux mots : de la quinine et des sanatoria.

Ces deux remèdes ne peuvent être ni l’un ni l’autre appliqués à une population très nombreuse sans l’intervention de l’Etat. Le premier est d’usage facile ; et ne demande qu’un sacrifice d’argent ; le second est vraiment héroïque et, comme certaines des panacées que l’on propose contre l’alcoolisme, il semble requérir une dictature sanitaire. Mais, quels que puissent être les difficultés matérielles et les scrupules politiques, le moment est venu d’agir. Les amis de l’Italie attendent avec confiance les sanctions que le gouvernement italien voudra donner aux conclusions de la science italienne.


E. BERTAUX.