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le même poste auprès de la Conférence : M. de Freycinet, avec un empressement bienveillant, m’avait autorisé à l’accepter ; j’avais pour collaborateur M. Busch, le savant conseiller intime du ministère des Affaires étrangères d’Allemagne.

Il avait été entendu que, pour relier la Conférence à la tradition du Congrès, le plénipotentiaire français prendrait le premier la parole et présenterait, comme autrefois M. Waddington, la proposition du tracé. M. de Saint-Vallier s’acquitta de cette tâche en reproduisant la ligne frontière définie par M. de Freycinet quelques jours auparavant. Son texte fut accepté dès la première séance, et sans réserve, par l’Angleterre, l’Italie et l’Allemagne : le plénipotentiaire d’Autriche le prit ad referendum, en laissant pressentir son adhésion prochaine. L’ambassadeur russe, loin de le contester, manifesta l’intention de développer davantage les acquisitions de la Grèce. La Conférence demeurait donc fidèle à la politique du Congrès, et elle était même tellement résolue à la maintenir, qu’elle écarta, sans délibération et avec une égale indifférence, un document turc renouvelant les propositions que la Porte avait précédemment énoncées, et une note grecque réclamant des territoires plus étendus. Elle accorda, il est vrai, par courtoisie, aux projets de M. Sabourow un examen approfondi, mais, dès le 25 juin, l’ambassadeur russe ayant renoncé lui-même à son plan et le comte Széchenyi s’étant rallié au programme français, elle vota notre tracé à l’unanimité. Une nouvelle démarche de l’ambassadeur ottoman qui persistait à exclure Larisse et Janina fut repoussée par un dédaigneux ordre du jour. La commission technique avait, de son côté, déterminé en détail la délimitation adoptée dans sa forme générale, et la Conférence, en approuvant ses conclusions, déclarait cette frontière excellente au double point de vue diplomatique et stratégique, et « conforme à l’esprit et aux termes du Congrès de Berlin. »

L’Acte final fut donc rédigé en ce sens. Préparé par M. de Saint-Vallier et par moi, étudié ensuite par la Conférence, il rappelait d’abord que, les négociations directes entre les deux États intéressés ayant échoué, les Puissances interposaient légitimement la médiation prévue par le traité de Berlin. La ligne frontière adoptée par les plénipotentiaires était ensuite décrite minutieusement suivant le travail topographique des délégués spéciaux. Après diverses recommandations relatives à la liberté des cultes et aux propriétés particulières en Épire et en Thessalie, à la dette