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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juillet.


S’il y a jamais eu une session stérile, c’est assurément celle qui vient de se terminer. On a voté les quatre contributions directes : il n’a pas fallu, tout compris, quarante-huit heures aux deux Chambres réunies pour expédier cette besogne banale. Mais l’effort législatif s’est arrêté là. Lorsqu’on demandera plus tard au ministère actuel ce qu’il a fait, il pourra répondre, en parodiant un mot célèbre : J’ai vécu. A cela, il s’entend fort bien. Quant aux grandes réformes qu’il devait accomplir, et que la majorité sur laquelle il s’appuie avait si bruyamment annoncées au pays, on les attend encore. Pas une seule n’a été même abordée. Ce n’est pas que, personnellement, nous le regrettions, car elles sont généralement fort mauvaises, au moins dans la forme où elles ont été conçues et proposées ; mais encore faudrait-il les discuter, ne fût-ce que pour montrer sur quelles bases fragiles et sur quels principes dangereux elles reposent. M. le ministre des Finances a bien déposé un projet de loi d’impôt sur le revenu ; personne n’y a fait attention. On regarde généralement ces projets comme des pensums que les ministres sont obligés de faire, mais qui les libèrent de toute obligation ultérieure. M. Caillaux a rédigé son projet comme les autres. Il a payé son tribut. Après quoi, les Chambres ont voté les quatre contributions sans y rien changer, et se sont empressées de gagner les champs. Nunc pede libero !...

La vie parlementaire a donc été fort insignifiante depuis deux mois ; mais il n’en a pas été de même de la vie gouvernementale. A partir du jour où le général de Galliffet a quitté le ministère de la Guerre, les incidens se sont multipliés et précipités. Il n’a pas fallu longtemps à son successeur pour montrer ce que, dans un ministère radical-socialiste enfin homogène, le ministère de la Guerre devait inévitablement