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de trouver une agglomération considérable de cases neuves et de gens occupés à des lavages sur le bord du Mékong. J’ai dit que des filons avaient été reconnus, mais jamais les indigènes n’ont su exploiter la partie rocheuse, la plus riche en or. Une exploitation technique s’impose, pour laquelle un capital sérieux serait nécessaire, si l’on veut ne pas arriver à un échec, et qui mettrait sans doute en lumière des richesses depuis trop longtemps inutiles.

Malheureusement l’épargne française, très friande de mines d’or, croira peut-être difficilement à celles qui sont en pays français, et qui seraient capables de contribuer à la prospérité de l’une de nos colonies. Une société étrangère nous conviant au Klondike ou au Transvaal obtiendrait certainement plus de crédit. On ne s’effraierait ni de la température glaciale de l’un ni du manque d’eau de l’autre. Au Laos, l’eau est partout, la température supportable en toute saison et les vivres abondans : poulets, porcs, bœufs, poissons, légumes. La seule infériorité du haut Laos résulte de son éloignement de la mer, de la navigation difficile de ses cours d’eau, et de sa population trop clairsemée.

Un service de bateaux à vapeur, aussi régulier que possible, étant données les immenses difficultés de l’entreprise, est établi maintenant depuis deux ans entre Saïgon et Vien-Tian. Plusieurs bateaux circulent dans les grands biefs, reliés par des embarcations indigènes sur les points où nos bateaux ne peuvent passer. De grands travaux de régularisation et de balisage s’imposent encore et sont sans cesse demandés par la Compagnie fluviale de Cochinchine.

J’ai entendu avec bonheur depuis mon retour, assurer qu’après trois mois de trafic incessant pendant la saison des hautes eaux, hélas, trop courte, les vapeurs n’avaient pu, dès la première année, répondre à toutes les demandes des chargeurs. C’est donc un nouveau courant qui s’établit et se dirige vers notre colonie de Cochinchine. Il appartient à nos industriels de savoir en profiter et de ne pas continuer à forcer les Laotiens d’aller se fournir à Bangkok d’articles anglais et allemands, que notre commerce pourrait leur procurer aussi avantageusement. Je ne puis oublier que deux mois auparavant, en haute Birmanie, où la population est non moins clairsemée qu’au Laos, j’avais trouvé à 1 250 kilomètres de la mer[1] une ligne de chemin de fer doublant

  1. A Myitkila.