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5° Le cinquième commissariat est le Muong-Hou, sur le haut Nam-Hou, à la frontière du haut Tonkin et de la Chine. Ce territoire nous a été cédé en 1895. Outre le riz qui se cultive dans tout le haut Laos, on y cultive surtout le benjoin, la gomme laque et la cardamone, dont la vente est toujours assurée à Bangkok. Il se fait encore un important commerce d’opium, de défenses d’éléphant, et aussi de cornes de rhinocéros et de cornes molles de cerf, très employées les unes et les autres dans la pharmacie indigène, et qui se vendent fort cher. L’élevage et l’agriculture pourraient y être exercés par les colons français avec les meilleures chances de succès.


L’immense débit de bois de tek fait à Bangkok a considérablement appauvri les forêts du Ménam, et c’est maintenant sur la rive droite du Mékong qu’on trouve la plus grande quantité de ces bois précieux. Près de Xieng-Khong et de Pak-Laï il y a de belles forêts, et il est à remarquer que si les grandes futaies de tek que je traversais entre Xieng-Tong et Xieng-Sen, de même que les nombreuses forêts de la rive droite, sont situées en dehors de notre territoire, leurs produits n’ont pourtant pas d’autre issue que le Mékong. Réunis en trains ou abandonnés au fil de l’eau, ces teks ne peuvent relever que de nos marchés de Phnom-Penh et de Saigon. Cependant le bois nécessaire à notre marine de guerre, qu’on peut évaluer à 500 ou 600 tonnes, a encore été acheté cette année à Bangkok par deux officiers envoyés au Siam à cet effet.

Je suis toujours étonnée du peu de foi que nous avons en nos colonies. En France, nous ne nous y intéressons que par une initiation lente, et, en Indo-Chine, la situation n’est pas meilleure : la Cochinchine dédaigne l’Annam, l’Annam méprise le Laos et ainsi de suite. Chacun vante les ressources de la région qu’il pratique et met en question celles de la région voisine, qu’il ne connaît pas, et dont il nie les qualités. Cependant ce haut Laos renferme des richesses considérables. Tout le territoire de Luang-Prabang compris entre le Nam-Hou et le Mékong abonde en terrains aurifères. Des filons ont été reconnus ; j’ai vu des pépites d’or natif, remarquables par leur volume et leur poids, apportées par les différens cours d’eau et les pluies qui entraînent les sables. Les alluvions sont chaque année lavées et relavées par les indigènes. Près de l’embouchure du Nam-Beng, j’avais été tout étonnée