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je ne rencontre pas dans le haut Laos les pâleurs et les embonpoints qui caractérisent si souvent l’anémie dans nos colonies, et qui résultent la plupart du temps du manque d’exercice. Je ne voudrais pas citer trop souvent les colonies anglaises, sous prétexte que je les ai parcourues avant les nôtres ; mais elles peuvent être un terme de comparaison auquel il est bon de se reporter. Les Anglais, avec leur amour et leur habitude de tous les sports, se maintiennent aux Indes dans de meilleures conditions hygiéniques que nous. Les fonctionnaires, payés plus que les nôtres, mais obligés de faire les frais de leurs voyages pour aller en congé, en sont plus économes ; ils font de plus longs séjours dans la colonie et y résistent plus aisément. D’autre part, en Birmanie comme aux Indes, le gouvernement les tient en haleine par des déplacemens continuels. Ils doivent, pendant des six et huit mois par an, parcourir les districts et bien souvent vivre sous la tente.


Ce système n’est pas moins utile à la bonne conduite de l’administration qu’à la bonne santé des administrateurs. Quoiqu’on nombre restreint, les fonctionnaires anglais ont le pays bien en main ; sachant les langues et maintenus longtemps dans les mêmes postes, ils sont plus en contact avec les indigènes que ne sauraient l’être nos innombrables fonctionnaires de tout ordre, résidant à poste fixe, tenus en lisière, et changeant sans cesse, qui, selon un mot connu, sont comme de la poussière de fonctionnaires.

Je dois reconnaître que l’inconvénient est moins apparent dans le haut Laos que dans le reste de notre colonie. J’ai pourtant compté environ quatorze fonctionnaires à Luang-Prabang ; mais c’est un point de centralisation, et nous portons au loin toutes les subdivisions de notre administration.

Dans le reste de la région, les commissariats sont à des dix jours, vingt jours et davantage de la résidence du commandant supérieur[1]. Les territoires qui en relèvent sont considérables et exigeraient du commissaire une activité continuelle, dans une contrée où tout est à faire et où le résultat dépend uniquement de la valeur de ce fonctionnaire.

Ces commissariats sont au nombre de cinq :

  1. Le commissariat de Muong-Hou est à quarante jours de Luang-Prabang.