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REVUE SCIENTIFIQUE

LA TONOMÉTRIE

La tonométrie est l’une des nombreuses branches de la physico-chimie. Il est superflu d’ajouter qu’elle en est une branche nouvelle : tout est jeune et nouveau dans cette science, les divers rameaux et le tronc lui-même. La tonométrie a ses racines dans des études classiques et bien connues. Elle est, en quelque sorte, le prolongement des recherches de Gay-Lussac et des physiciens tels que Dalton, Dulong et Arago, et surtout Regnault, qui s’étaient appliqués, depuis le commencement jusqu’au milieu du siècle, à mesurer les tensions de vapeurs émises par les divers liquides et spécialement par l’eau.

On sait que l’œuvre de Regnault est fondamentale pour tout ce qui touche aux vapeurs. Elle se recommande non seulement par un souci de la perfection dans les mesures qui ne sera jamais dépassé, mais aussi par des vues très justes et très profondes. L’illustre physicien n’ignorait pas que l’émission de vapeurs était modifiée par les impuretés mélangées au liquide ; il savait que chaque corps étranger qui y est dissous influence la production de vapeur à la fois suivant sa quantité et suivant sa nature. Il a soupçonné l’existence d’une relation très intime entre ces deux élémens : nature chimique de la substance en solution et changement produit par elle dans la tension de vapeur du dissolvant ; et il recommandait aux expérimentateurs de son temps d’en poursuivre la recherche. C’est le problème même de la tonométrie. La solution en a été fournie par les physiciens-chimistes contemporains ; et parmi eux, il faut citer ici, au premier rang, l’éminent