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primer l’achat et la vente des enfans, qui était le cas le plus usuel. Le gouveraeur français a édicté des peines, qui consistent en fortes amendes et en plusieurs années de prison et ce sont les chefs indigènes qui font office de juges et sont chargés de les appliquer. On a même conclu des traités, en vertu desquels les esclaves de toute origine ont été assimilés aux captifs de case. Or ceci est la forme la plus adoucie de la servitude, le captit de case étant une sorte de serf héréditaire ou de tenancier, que le mattre est tenu de nourrir et d’entretenir, même quand il est devenu invalide ; en certains cas, il peut être affranchi au bout d’un certain nombre d’années de travail ou contre le paiement d’une rançon. La traite n’existe plus à l’intérieur de la Guinée française ; ou, s’il y a encore des cas, ils ne peuvent être que clandestins, et, quant à la traite maritime, elle est rendue presque impossible par un règlement, qui oblige tous les étrangers à déclarer à leur arrivée ou à leur départ au port, leur changement de résidence et la provenance ou destination des gens de leur suite.

Mais, s’il est relativement facile au Sénégal et sur la côte de Guinée d’empêcher l’importation et l’exportation des esclaves, cela est très difficile au Soudan français. En effet, cette province, par sa grande étendue et par sa proximité des pays de l’intérieur, qui approvisionnent les marchés d’esclaves, constitue un débouché pour les marchands d’hommes. Ainsi, il y a quelques années, les caravanes qui font le trafic des esclaves entre le Haut-Niger et le bassin du Sénégal suivaient la ligne de Bammakou, Kondou, Kita, Bafoulabé, Kayes, sous la protection de nos postes militaires y établis, et, dans chacun de ces postes, on prenait note de la valeur des choses transportées par la caravane.

Au Dahomey et surtout dans les royaumes de Porto-Novo et au Lagos, la servitude s’est toujours présentée sous la forme de « l’esclavage domestique, » coutume en vigueur chez la plupart des peuples primitifs et qui subsiste aussi dans le Hinterland où l’influence française n’a pu encore pénétrer. Dans cette région, qui s’étend de la côte jusqu’au Niger et qui est peuplée par des tribus très belliqueuses, il faudrait surveiller de très près les chefs indigènes pour les forcer à renoncer à une coutume séculaire, qui est la principale source de leur fortune.

Dans le Congo français, si l’on en croit les rapports officiels, il n’existerait que des « captifs de case ; » c’est-à-dire que les indigènes aisés ou riches attachent à leur service, par une sorte d’adop-