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cinq cents francs. En portant le prix annuel à huit cents francs, nous gagnons environ trois cents francs par élève. « Si la moitié des postulantes accepte cette augmentation, nous voilà pourvues d’un bénéfice de cinq mille francs. Le déficit tombe à vingt-cinq mille francs. Or nous avons constitué un fonds de treize mille francs... » Cette page pourrait être poignante, si nous la lisions en bonne place dans un autre récit : ici elle n’est pas poignante. Au surplus cette partie mi-pédagogique, mi-financière, ne pouvait guère avoir d’attrait. Mais il fallait pour les fils du récit un lieu d’entre-croisement. L’École des arts de la femme est ce lieu. Quand les personnages d’un roman n’ont guère de raisons de se trouver ensemble, il faut bien qu’il y ait un endroit où ils soient forcés de se réunir et de se grouper.

Arrivons au roman de Frédérique et à celui de Léa. Frédérique, qui est la fille du jeune d’Ubzac, a de bonne heure connu le « secret de sa naissance, » un secret de polichinelle que Christine et Constant Sûrier ont maintes fois crié à tue-tête, toutes fenêtres ouvertes. Elle est décidée à ne pas se marier et à rester honnête. Le patron de l’usine où elle travaille, M. Duramberty, lui fait des propositions tendant à ce qu’elle devienne sa maîtresse : elle les repousse avec horreur. Toujours résolue à rester fille, elle passe en Angleterre où, le beau Georg s’étant épris de sa sœur Léa, elle en devient éperdûment jalouse. Revenue en France, elle se trouve de nouveau en présence de M. Duramberty, qui cette fois lui offre son nom avec sa main, et sa fortune avec une tendresse aussi respectueuse qu’ardente : elle écarte l’offre dédaigneusement. Et voilà une fille qui n’est pas facile à contenter ! On lui propose de l’épouser sans formalités de mairie : elle se fâche. On lui propose un amour avec mairie et garanti par le gouvernement : elle refuse. Elle ne veut pas se marier ; et elle empêche les autres de se marier. Elle ne veut ni aimer ni se laisser aimer ; et quand on porte ailleurs des soupirs qu’elle fait état de mépriser, elle souffre, elle se désole, elle se révolte. Sait-elle ce qu’elle veut ? Pour notre part, nous comprenons mal les mobiles qui la font agir. Cela est toujours désagréable.

Léa rencontra en Angleterre le beau Georg. Les deux jeunes gens font des promenades ensemble, deviennent amoureux l’un de l’autre. Fiançailles. Malentendu. Séparation. Après deux années, on se retrouve. Mais entre temps Léa, qui est la fille du phtisique Sûrier, a été atteinte du mal héréditaire. Transportée dans un hôpital londonien, elle y a dépéri, en proie à la consomption. Le plaisir de renouer avec son fiancé lui a rendu une apparence de santé. Une promenade sous l’orage amène une rechute qui va être mortelle. Mais alors, et si Léa meurt