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Il n’y a guère de chances qu’un banquier richissime accepte pour belle-fille la fille du père Legay. M. d’Ubzac dote Christine et lui fait épouser un de ses commis, Constant Sûrier, employé au contentieux et phtisique. Maintenant Frédérique peut naître ; elle a un père légal. Christine subit Sûrier ; à de certains momens, elle l’aime ; elle a de lui une autre fille : Léa. C’est ici le romande la fille séduite. Il a été fait mille fois, et on ne peut, en bonne justice, exiger de l’auteur qui le refait pour la mille et unième fois de lui prêter un air de nouveauté. D’ailleurs, en nous exposant ce qui jadis s’était passé rue de la Sourdière dans l’humble logis de Christine Legay-Sûrier, M. Prévost n’a guère prétendu qu’à nous présenter un prologue. Et peut-être est-ce là que se trouveraient les meilleures pages du livre, celles où il tient le plus de réalité. — Il y a le roman de Pirnitz. Cette Hongroise a fondé dans le faubourg Saint-Charles à Paris une École des arts de la femme. L’argent est fourni par une demoiselle de Sainte-Parade, qui a une jolie aisance. Par malheur la vieille demoiselle s’est mise à spéculer ; après avoir dans diverses opérations réalisé des gains appréciables, d’un seul coup elle perd toute sa fortune et tombe paralysée. Il est inévitable que l’École des arts de la femme se ressente de la débâcle de celle qui la commanditait. Nous allons assister à des discussions d’argent. Que les discussions d’argent puissent être émouvantes et que les chiffres aient leur éloquence, cela n’est pas contestable. Le tout est de savoir faire parler les chiffres et de les dramatiser : des romans fameux le prouveraient surabondamment. Ou plutôt les chiffres nous passionnent quand nous nous passionnons pour les intérêts qu’ils représentent. Mais que l’École des arts de la femme prospère ou qu’elle mette la clé sous la porte, qu’elle fonctionne en liberté ou sous la tutelle du gouvernement, pour qui travaille en sous-main cette sournoise de Mlle Heurteau, nous ne voyons pas en quoi cela nous intéresse. Pareillement nous sommes indifférens à des calculs dont le pire résultat serait qu’on installât Mlle Heurteau à la tête de l’École des arts de la femme devenue école du gouvernement. « Cette somme de cinquante mille francs va nous manquer. — Par conséquent, vous n’avez qu’à déposer votre bilan et à passer la main. » — Tel n’est pas l’avis de Frédérique. Elle procède par voie d’économies. D’abord elle suspend les appointemens des maîtresses pour l’année courante : nous y consentons. Économie de huit mille quatre cents francs. Elle démontre que, sur les frais généraux indépendans du nombre des élèves, on peut épargner onze mille francs environ. Mais nous ne devons pas oublier qu’il y a pour la rentrée prochaine trente demandes d’élèves payantes à