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Une autre Société, celle d’EIberfeld (Farben-Fahriken) a appliqué la méthode d’Heumann, c’est-à-dire la transformation du phénylglycocolle en indigo. On annonce que l’Exposition de 1900 nous montrera d’autres victorieux efforts de la fabrication allemande.


V

L’industrie des matières colorantes artificielles n’est qu’une branche de l’industrie chimique générale. Elle a son histoire à part, et il serait hasardeux de conclure de son évolution et de son degré de développement dans tel ou tel pays, à l’évolution parallèle des autres branches. Bien qu’il y ait une relation générale entre toutes ces parties de la chimie appliquée aussi bien que de la chimie pure, le jeu des causes particulières est assez varié pour qu’il faille se garder de généraliser sans précaution.

C’est sous le bénéfice de cette observation que nous devons nous empresser de reconnaître la très grande supériorité que l’Allemagne possède par rapport aux autres nations sur ce terrain, A elle seule, elle produit les quatre cinquièmes des matières colorantes qui sont employées dans le monde entier. Elle possède, à elle seule, les deux tiers des usines qui sont destinées à fournir à la consommation universelle, au total une vingtaine. Les autres pays, c’est-à-dire l’Angleterre, la France et la Suisse, se partagent les dix autres établissemens de ce genre. C’est dire que le nombre de ces établissemens, si l’on décompte les annexes et les succursales, ne dépasse pas une trentaine.

La production allemande excède de beaucoup les besoins du pays. La majeure partie des matières fabriquées est donc exportée. Selon le rapport de M. Haller, que nous suivons ici, l’Allemagne a livré à l’étranger, en 1891, 8 600 tonnes d’aniline et substances voisines, d’une valeur de 53 millions de francs ; et environ autant d’alizarine, ce qui représente une somme de plus de 16 millions ; au total, c’est une valeur de 71 millions,

La Suisse tient le second rang : l’excédent de ses exportations atteint 9 millions. En ce qui concerne la France, sa fabrication en couleurs d’aniline suffit à peu près à ses besoins. Au contraire, l’alizarine est entièrement importée. En définitive, les importations dépassent les exportations, d’environ 3 millions de francs. C’est donc, dans son ensemble, une branche languissante de la production nationale.