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très peu large, ne s’élargissant que pour former an petit tabernacle où reposait la précieuse relique.

Divers indices m’assuraient, en outre, que, quel que fût le tombeau que j’allais rencontrer, il devait appartenir au cycle d’Osiris. Dès la première année, j’avais observé que tous les objets trouvés dans la couche supérieure de décombres étaient consacrés à ce dieu, ou à Isis, ou encore à Horus : la première était la femme d’Osiris, le second son fils, celui qui l’avait vengé. En cette troisième année de fouilles, dès les premiers jours, je rencontrai en grand nombre des fragmens de vases portant des inscriptions hiéroglyphiques, hiératiques ou démotiques : toutes parlaient d’offrandes faites à Osiris. Sur l’une d’entre elles, je vis même que les offrandes avaient été faites à Osiris, non en tant que dieu, mais en tant qu’homme ayant accompli sa vie, ce que signifiait l’épithète de juste de voix accolée à son nom, laquelle signifie en somme ce que veut dire défunt accolé à un nom d’homme. Je pus voir aussi que, pendant toute la durée de l’empire égyptien, depuis Menés jusqu’aux Ptolémées, un culte public avait été rendu sans relâche à Osiris. Au cours du règne de Ramsès II, le Sésostris des Grecs, environ quinze siècles avant notre ère, on avait même recherché des formes de poteries archaïques, on avait fait des vases rappelant par certains points les vases de pierre des plus anciennes époques, et l’on y avait gravé des scènes représentant un prêtre faisant hommage à Osiris de ses apports : le dieu était quelquefois accompagné soit d’Isis, soit d’Horus. Je ne pouvais donc m’empêcher de me demander ce que signifiait la présence de ces vases et de ces inscriptions en ce lieu et, malgré moi, ma pensée se tournait vers le tombeau d’Osiris, car je ne pouvais un seul moment m’arrêter à l’idée que là peut-être était une chapelle consacrée à la mémoire du dieu, la coutume égyptienne n’admettant point de chapelles dédiées en l’honneur de quelqu’un, fût-il dieu, quand le corps ou le squelette ou partie du squelette de l’individu ne se trouve pas dans la chapelle.

Ces premières réflexions m’amenaient donc à la conclusion que je pouvais rencontrer le tombeau d’Osiris. Les tombes que j’ouvris au côté est, de même qu’à l’ouest, au nord et au sud, me montrèrent, en plus, que la première des conditions à remplir était déjà réalisée. Le tombeau central caché sous la grande butte était bien voisin d’autres tombes qui toutes, par leur construction,