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dans le tombeau de deux hommes qui avaient passé leur vie à se faire la guerre et dont l’un, Set, passait pour l’inventeur de la métallurgie.


IV

Pendant le troisième hiver, novembre 1897-mars 1898, j’entrepris d’achever l’exploration d’Om-el-Ga’ab, et j’y trouvai le tombeau d’Osiris. Pour pouvoir penser un seul moment à trouver le tombeau d’Osiris, il fallait réunir un certain nombre de conditions sans lesquelles il n’y avait aucun espoir à entretenir. La tradition égyptienne, conservée dans des documens connus, papyrus et inscriptions murales des temples, était unanime à admettre que le tombeau d’Osiris devait être entouré d’un certain nombre d’autres tombes particulières de gens qui avaient tenu à grand honneur et profit spirituel d’avoir leur demeure éternelle près de celui qu’on appela le Dieu Grand, ou, comme disent les textes égyptiens, près de l’escalier du Dieu Grand. L’auteur grec qui nous a conservé le traité sur Isis et Osiris a même étendu cette ambition à tous les habitans de l’Egypte pendant toute la durée de l’empire égyptien, en quoi il s’est trompé. Mais, si l’on restreint son renseignement à l’époque contemporaine d’Osiris ou aux générations suivantes, ses paroles sont parfaitement exactes. Cette première condition est accompagnée d’une seconde, à savoir la présence d’un escalier dans ce tombeau, si bien que la rencontre d’un monument comme celui dont je vais avoir à parler plus loin n’aurait pas suffi pour m’assurer de l’identification du tombeau que j’allais découvrir, si ce tombeau n’avait pas renfermé un escalier. En troisième lieu, la tradition m’apprenait que le corps d’Osiris ne pouvait se trouver dans le tombeau d’Abydos, pour la bonne raison que son frère et meurtrier. Set, avait dépecé son cadavre en quatorze morceaux, qu’il avait disséminés en divers lieux, qu’Isis avait ensuite recherchés et enterrés, prenant soin d’élever un tombeau spécial à l’endroit où elle trouvait chaque relique de son époux. Dans le tombeau d’Abydos, — les textes le disent expressément, — Isis avait enterré le chef de son mari, et, s’il faut en croire les représentations des tableaux reproduits à satiété sur les murailles des temples d’Abydos et sur les stèles des particuliers, la tête avait été renfermée dans une châsse en bois d’un travail particulier, très longue,