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formes différentes, toutes imitées des vases en pierre qui étaient d’un usage courant chez les hommes de cette époque, quand ils étaient assez riches pour en avoir. Les uns sont des vases hauts et larges, avec ou sans anses ; d’autres des vases bas avec un bec : l’un de ces derniers a même un bec séparé en deux parties par une petite cloison longitudinale, et l’on pouvait ainsi verser deux fils de liquide à la fois, comme on le voit sur certains bas-reliefs où sont retracées des cérémonies religieuses.

Il n’y a pas jusqu’au grès que je n’aie rencontré orné d’un joli émail bleu. Dans les deux parties de la tombe dont il s’agit, je trouvai de nombreux objets de cette sorte, les uns dans la couche supérieure de sable, les autres au fond des chambres. Par un heureux hasard, tous les objets que j’y ai découverts, sauf les perles, sont nouveaux et aucun musée n’en possédait jusqu’alors et n’en possède encore de semblables, sauf celui de Gizeh, qui entrait pour moitié dans le partage des objets rencontrés au cours des fouilles. Ce sont de petits cubes rectangulaires, de petits objets pouvant représenter des battans de porte, des sceptres inconnus, des tables ignorées, coupées en compartimens, etc. : l’émail bleu qui recouvre tous ces objets est d’une douceur extraordinaire, et l’Egypte historique ne saura rien inventer de mieux en ce genre.

J’ai rencontré en petit nombre des inscriptions dont la plupart sont tracées à l’encre noire ou rouge : celles à l’encre noire se sont bien conservées et pourront sans aucun doute être lues ; celles à l’encre rouge se sont en grande partie effacées et disparaissent tous les jours sous l’action de notre humide climat. Le plus souvent ces inscriptions se bornent à un seul mot ou à deux, disant : Beau (vase), ou Très beau vase : quelquefois on lit : Dédié à... et le nom de celui auquel avait été dédié le vase n’est pas conservé. Certains fragmens nous ont conservé de véritables scènes, comme celui où l’on voit un Pharaon, dont j’avais déjà trouvé le nom l’année précédente, tenir sa massue, prêt à écraser l’ennemi. La présence de ce nom dans le tombeau, comme, d’ailleurs, de plusieurs autres parmi ceux rencontrés antérieurement, montre bien que les hommes ainsi désignés vécurent après les propriétaires du tombeau dont il est ici question : d’autres noms ont été découverts, dont l’un s’est trouvé être le même que le premier gravé sur l’épaule droite d’une statue célèbre, laquelle est au musée de Gizeh. On m’avait reproché, la première année, d’avoir