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me poussa, malgré les objections que je prévoyais, à attribuer à ces objets une date qui, par son antiquité, souleva une véritable tempête d’objections. On me demandait des preuves et l’on ne voulait pas examiner celles que je donnais. Cependant la lumière s’est faite : des savans étrangers lurent un ou deux noms des Pharaons que j’avais rencontrés : deux d’entre eux appartiennent à la première dynastie : Sémenptah et Merbapen. Rien ne m’était plus favorable, car je savais où j’avais rencontré les monumens portant ces noms : ce n’était point dans les tombeaux où j’avais trouvé les grandes stèles royales, et les objets marqués au nom des oblateurs n’étaient qu’un témoignage du culte funéraire rendu aux Ancêtres, à ces Mânes qui avaient précédé les dynasties historiques.


III

Quand, pour la seconde fois, je me retrouvai sur mon champ de fouilles, ma résolution n’avait pas un seul instant varié, de venir à bout des questions soulevées par ma première campagne et d’en trouver la solution, si faire se pouvait. J’avais l’intention de continuer l’exploration de la grande colline dont j’avais achevé de fouiller le côté occidental ; mais, auparavant, je voulus examiner spécialement une sorte d’ellipsoïde renfermant une dépression où je croyais ne trouver que de petits tombeaux presque à fleur de terre, avec peut-être quelque tombe royale qui ne demanderait au plus qu’un travail de quinze jours ou trois semaines. Si jamais prévision de fouilleur fut trompée, ce fut la mienne : toute la dépression qui avait plus de 80 mètres de long était occupée par un seul et magnifique tombeau, largo de 15 mètres et profond de 2m, 50, enfoui sous une couche de sable épaisse d’environ 7 à 8 mètres. Ce monument contenait 66 chambres : c’est le monument funéraire le plus grandiose que nous ait légué l’Egypte, du moins si l’on en juge par ce que nous connaissons actuellement. Il était construit en terre battue et en briques crues, dans le grand axe de la dépression que j’ai signalée plus haut. Le monument contenait deux parties séparées l’une de l’autre par un mur. Dans la première partie, l’entrée était au nord, et les 32 appartemens qui la composaient après l’entrée s’alignaient sur trois rangs, séparés par deux corridors. Il y avait en tout 37 chambres. Le corridor de l’est était barré par un mur plein, tandis que le