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en os, à savoir une autruche ou quelque chose d’approchant, un autre animal dont on ne voit guère que la croupe, et enfin un palmier rudimentairement figuré. Dès cette lointaine époque, les vases avaient déjà des formes encore en usage en France de nos jours. Pendant plus de trois semaines, je ne trouvai pas autre chose que ces poteries et des débris de vases en albâtre et en pierre dure complètement inutilisables. Cependant, je fis ramasser tous ces fragmens dans la chambre où je dormais, et bien m’en prit, car, si j’avais négligé ces fragmens, j’aurais passé auprès des découvertes les plus intéressantes que m’ont fournies les fouilles auxquelles je présidais.

J’avais du désespoir plein le cœur lorsque j’attaquai la seconde butte et la troisième, qui étaient fort petites et rapprochées l’une de l’autre. Les travaux se trouvèrent beaucoup plus longs que je ne l’avais pensé, car les deux buttes recouvraient des tombeaux très profonds, et le vent contraria beaucoup les travailleurs. Les commencemens des travaux en cet endroit ne me fournirent que des fragmens de vases en pierres dures très peu nombreux ; mais je commençai bientôt à trouver des restes de métal, d’ivoire, quelques fragmens avec des inscriptions en caractères archaïques, puis une première stèle en calcaire avec une telle disposition de caractères rudimentaires que, du coup, je fus convaincu que j’avais mis la main sur un monument des plus anciens de la civilisation égyptienne. Dans la seconde butte, je trouvai des silex taillés avec une rare perfection, et, dans un seul tombeau, trois cent vingt-quatre pointes de flèches admirablement travaillées, de toutes les formes et déjà barbelées : le tombeau avait était incendié de fond en comble, et les roseaux des flèches avaient été consumés, cela va sans dire. Des pièces de bois assez grosses avaient échappé à l’incendie comme par miracle, notamment deux qui avaient encore, passées dans leurs trous, des attaches en fil de métal. Je rencontrai aussi la première trace des souverains enterrés dans ces tombeaux, mais je ne sus pas la reconnaître, car elle était tellement insolite que je ne m’attendais aucunement à la trouver, et les découvertes de ce genre durent se multiplier avant que mes yeux fussent dessillés et que je comprisse ce qui était entre mes mains. C’était une espèce de carré surmonté d’un épervier, symbole du Dieu Horus, le fils et le vengeur d’Osiris ; dans l’intérieur du carré, étaient deux signes peu apparens, et le carré se terminait par quatre petits traits.