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XIXe dynastie. On mit encore la main sur deux tables d’offrandes, l’une très grossière et assez petite pour n’être considérée que comme une réduction des tables ordinaires, l’autre au contraire de grandes dimensions, en syénite, et ayant dans l’inscription gravée sur le pourtour quatre cartouches qui la reportent à la XIe et à la XIIe dynastie. L’inscription dit en effet, à gauche : « Vive le roi de la Haute et de la Basse Égypte Rakhoperka, aimé de celui qui est chez les Occidentaux, qui donne la vie ! Il a fait ce monument à son père Rasonekhka afin qu’il vive à jamais ! » A droite, elle dit de même : « Vive le fils du soleil Ousortesen, aimé de celui qui est chez les Occidentaux, qui donne la vie ! Il a fait ce monument à son père Mentouhôtep afin qu’il vive à jamais ! » D’où il faut conclure que le dernier pharaon de la XIe dynastie se nommait Mentouhôtep (le sixième) de son nom, car, jusqu’ici, on ne connaissait que son prénom, et, en second lieu, qu’il était reconnu par Ousortesen Ier, deuxième roi de la XIIe dynastie, comme l’un de ses ancêtres, sans doute du côté de sa mère, ce qui jetterait un jour nouveau sur la manière dont s’est faite la transition de la XIe à la XIIe dynastie

A quoi servaient ces objets appartenant aux époques les plus diverses ? Une observation doit être faite tout d’abord : c’est qu’on n’a trouvé dans toute la butte aucun ossement humain, aucune forme de sépulture autre que celle qui vient d’être mentionnée plus haut. Sans entrer ici dans une discussion scientifique dont le lecteur sentirait peu la nécessité, je crois pouvoir affirmer que les objets rencontrés étaient tous des objets votifs ; en d’autres termes, que cette butte était un lieu de pèlerinage où les gens d’Abydos, fidèles au culte des ancêtres, allaient déposer leurs offrandes, accomplir les rites sacrés reçus de leurs pères, leur témoigner une reconnaissance qu’ils croyaient duo aux faveurs obtenues, et les faire participer aux événemens heureux arrivés dans la famille. De là ces objets précieux et ces objets misérables trouvés côte à côte en si grand nombre, cette table d’offrandes royale et cette autre si pauvre ; de là cette taille minuscule de la plupart des objets rencontrés. Une autre raison se tire du fait que l’on n’a pas trouvé un seul tombeau, pas un seul ossement humain dans cette première butte, que par conséquent ce ne pouvait pas être pour les offrandes funéraires réelles et pour un mobilier réel que l’on avait déposé les objets dont il vient d’être question.

Ces premiers résultats étaient de nature à m’encourager et à