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crues, deux ou trois montans de porte en calcaire qui se trouvaient là je ne sais comment, et une très grande stèle également en calcaire, où l’on apercevait encore, dans la partie supérieure, les titres du défunt dont le nom avait disparu : le champ de la stèle était occupé par une porte fermée au verrou ; ç’avait dû être jadis un très beau morceau, mais, lorsque je le trouvai, le sable l’avait complètement rongé dans sa partie la plus importante et la forme seule en était intacte.

Les ouvriers sondaient toujours le terrain, et rien n’annonçait que l’on dût trouver autre chose, lorsqu’en examinant le sondage que faisait un fellah, je le soupçonnai de n’être pas arrivé au sable rouge de la montagne, ainsi qu’il en avait reçu l’ordre ; je lui ordonnai de creuser encore et je passai à l’examen du travail d’un autre ouvrier. A peine m’étais-je détourné que je fus rappelé : le fellah, par un heureux coup de pioche, venait de mettre au jour un petit ustensile en cuivre, qu’il remit fidèlement à son reis : celui-ci descendit alors dans le trou, creusa avec ses mains et trouva, dans un vase, une petite statuette en bois, décorée de jolis hiéroglyphes bleus, et ayant le visage couvert d’une feuille d’or, puis il me dit qu’il ne restait plus rien dans le vase. Je lui dis alors de déterrer et de me donner le vase, ce qu’il fit, et voici que le bienheureux pot renfermait tout un petit mobilier funéraire qui ressemblait à un mobilier de poupée : d’abord une petite briche en cuivre avec les deux couffes encore suspendues à la briche ; une petite houe imitant la houe avec spatule en métal ; une autre imitant la houe avec spatule en bois, le tout en cuivre et suspendu à la briche entre les deux couffes ; une coupe brisée en métal ; un petit vase en forme de gargoulette avec son support, un vase à vin, les deux également en métal ; le grand vase à libation imité en émail bleu, et deux petits vases en albâtre encore recouverts de leur couvercle. À cette vue, j’ordonnai d’interrompre les sondages et de reprendre méthodiquement le travail d’une tranchée régulière avançant peu à peu du nord au midi, en rejetant tous les déblais par derrière vers le nord, de manière que toute cette première butte fût bouleversée de fond en comble, et que pas un seul des objets qu’elle contenait ne pût échapper aux fouilleurs.

L’ordre fut exécuté, et le soir du premier jour, lorsque je fis l’inventaire des objets trouvés, j’eus lieu de nm féliciter de la méthode suivie. Toute la butte fut ainsi déblayée et radicalement