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question des origines égyptiennes, ne négligeant aucune occasion de citer mes travaux, publiant même avec mon autorisation un certain nombre des objets que j’avais rencontrés pendant ce même hiver et se rangeant finalement du côté de ceux qui veulent voir une influence chaldéenne dans la formation de l’Égypte antique. De mon côté, continuant les fouilles entreprises, j’avais la chance de découvrir le tombeau où Set et Horus, adversaires fameux pendant la vie, avaient été réunis après la mort. L’année suivante, enfin, j’en voyais le terme et je découvrais le lieu saint de l’Égypte, le tombeau qui avait été élevé en l’honneur d’Osiris.

Telles sont, résumées rapidement, les diverses phases par lesquelles ont passé les fouilles sur l’Égypte préhistorique. Le lecteur comprendra mieux maintenant et sera plus à même de juger ce qu’il me reste à lui faire passer sous les yeux, à savoir l’exposé de mes travaux dans la nécropole d’Abydos. Telles qu’elles se sont produites, les découvertes jaillies des entrailles de la montagne d’Abydos offrent un ordre chronologique parfait : d’abord les dynasties des mânes, celles qui ont précédé l’établissement de la monarchie égyptienne d’après Manéthon ; ensuite le tombeau de Set et de Horus, les deux derniers rois de la seconde des dynasties dites divines, enfin le tombeau d’Osiris, le prédécesseur de Set dans la vie et la domination de l’Égypte, le plus ancien monument qui soit actuellement connu, non seulement en Égypte, mais dans le monde entier.


II

La nécropole d’Abydos s’étend sur environ huit kilomètres de longueur et une largeur qui varie de un à trois kilomètres. Mon premier soin, en y arrivant, fut de l’explorer dans tous les sens afin de juger par moi-même quelles en étaient les parties où l’on pouvait raisonnablement espérer de faire des fouilles fructueuses. Mon attention fut tout d’abord attirée par une large échancrure faite dans la montagne occidentale : en avant de cette échancrure, environ à 400 mètres, surgissaient de petites buttés de sable mélangées à de grandes, entrecoupées de plateaux plus ou moins longs, dont toute la surface était parsemée de débris de poteries grossières. Les indigènes désignent cette partie de la nécropole sous le nom d’Om et Ga’ab, c’est-à-dire de Mère aux pots. A une certaine époque de l’année, le Vendredi saint, ceux des indigènes