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intentions bien définies du gouvernement ne tendent qu’à une amélioration progressive de la législation des autochtones en empruntant à la nôtre, au fur et à mesure des besoins et suivant les circonstances, ce qu’elle peut avoir d’applicable à des populations de races différentes, pour la plupart fort éloignées encore de nos idées de civilisation.

« La loi en projet, au point de vue international, annule la personnalité de l’Etat malgache, qui disparaîtra comme entité juridique en devenant dépendance de la souveraineté française, mais elle ne peut avoir pour effet d’anéantir, par la vertu d’un vote des Chambres, le statut personnel des indigènes, lesquels ne peuvent être soumis raisonnablement, sans transition, aux exigences de notre « vie civile, » ni d’abroger les lois ou usages locaux. »

« C’est à tort, — ajoutait le rapporteur, — que l’on confondrait l’annexion et l’assimilation. L’annexion est le fait d’incorporer, soit par cession, soit par conquête, soit par achat, un nouveau territoire dans le domaine national, en lui donnant ou en lui laissant le gouvernement qui convient le mieux à ses besoins ; l’assimilation constitue un mode d’administration en tout conforme à celui de la métropole. Cette méthode, applicable seulement lorsqu’il s’agit de populations de même origine, arrivées au même degré de civilisation, ne saurait convenir à des natifs ayant des mœurs différentes.

«... Dans nos colonies de nouvelle formation, remontant au plus à trente-cinq ans, nous nous sommes toujours inspirés de ces principes. En Indo-Chine seulement, nous pratiquons six régimes différens : au Tonkin, le protectorat le plus serré ; en Cochinchine, la domination directe avec des conseils électifs dont font partie les indigènes ; au Cambodge, le protectorat sous sa forme la moins étendue ; en Annam, un gouvernement oligarchique, placé sous la surveillance d’un résident ; au Laos, un système mixte qui participe ù, la fois du protectorat et de la domination ; dans les territoires militaires, le commandement. La même diversité se rencontre à la côte occidentale d’Afrique, où la Guinée, la Côte d’Ivoire et le Dahomey ont des institutions appropriées aux besoins des populations et aux intérêts de nos colons.

« Nous avons pu ainsi réduire les charges de la métropole à leur dernière limite. La Cochinchine paye l’intégralité de ses dépenses civiles et militaires, plus un tribut de vassalité qui, en