Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 159.djvu/257

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le vice-président du Conseil d’Etat, Vuitry, et le rapporteur, Busson-Billault, réfutèrent dans les meilleurs termes le pessimisme financier de Larrabure.

Cependant les interpellations inconstitutionnelles ne discontinuèrent pas. Le général Lebreton demanda quelles mesures avaient été prises pour arrêter les massacres de Syrie et en prévenir le retour. Darimon réclama par un amendement la suppression de la loi de sûreté générale. Sur le ministère de la Guerre, le colonel Réguis proposa un plan de réorganisation militaire, que le général Allard, commissaire du gouvernement, discuta avec lui. Pouyer-Quertier et Brame reprirent leur campagne protectionniste.

Il était naturel que l’appel de 100 000 hommes sur la classe de 1860 amenât des dissertations sur la paix et sur la guerre. Le marquis de Pierres se signala par ses saillies ultra-pacifiques : « On a parlé du Dieu des armées ; la religion qui a dit le Dieu des armées, c’est la religion juive. La religion chrétienne dit : Dieu ; et elle ajoute : Paix aux hommes de bonne volonté I Si Dieu était, comme on le dit, le Dieu des armées, je me jetterais dans l’athéisme. » — Picard, tout en se défendant d’être partisan de la paix à tout prix, demanda la réduction du contingent à 80 000 hommes : « Pourquoi la paix dans la situation et dans les paroles et la guerre dans les cadres ? Pourquoi une armée de guerre ? » — Le général Allard lui répondit que l’armée est une armée de paix. « Tous les hommes expérimentés sont d’accord que, pour sa défense, la France a besoin d’une armée de 600 000 hommes à mettre en ligne, et, pour avoir cette armée, sept contingens de 100 000 hommes sont nécessaires. Les déductions faites des exonérations, des dispenses légales, des manquans, le contingent se réduit à 68 000 hommes, dont il faut faire deux parts à peu près égales : celle destinée à alimenter l’carmée active qui comprend environ 34 000 hommes, l’autre qui doit rester dans ses foyers et faire partie de la réserve. »

Les incursions inconstitutionnelles recommencèrent à propos de la prolongation de durée des brevets Sax. Un autre membre de la majorité, O’Quin, insista sur l’urgence de modifier un règlement qui, dans sa forme actuelle, gêne trop souvent l’exercice des droits du Corps législatif. Dans la délibération d’un projet de loi pour autoriser la ville de Paris à émettre 287 618 obligations au capital de 500 francs, nous persistâmes dans notre