Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 159.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dépasse, car ce qui crée le bon marché c’est l’abondance de la production et des débouchés. Nous sommes une nation démocratique travaillant pour les aristocraties ; l’Angleterre est une aristocratie qui travaille pour tous. »

Sans aucun doute, en contractant ces alliances, nous eussions acquis une puissance considérable au Corps législatif, mais nous eussions perdu notre armée ; il lui eût été à peu près égal de nous voir protectionnistes ; elle ne nous eût point pardonné de pactiser avec les ennemis de l’Italie. La délivrance de l’Italie, de la Pologne, était un dogme de la démocratie, et quiconque ne le professait pas était sur-le-champ excommunié.


II

L’opposition conservatrice entra vivement en matière. Elle obtint la nullité de l’élection de M. de la Perrière dans l’Orne, contre lequel on ne relevait pas des manœuvres plus répréhensibles que tant d’autres, jusque-là inutilement signalées. Quelques voix seulement l’empêchèrent d’obtenir le même succès contre M. de Dalmas, sous-chef du cabinet de l’Empereur. Elle obligea le gouvernement à retirer une demande de subvention et de garantie d’intérêts en faveur d’un chemin de fer de Béziers à Graissessac, qui avait été concédé en 1851 à un homme de Boulogne. Elle renouvela ses attaques contre la politique italienne de l’Empire, à propos du vote du contingent annuel. Elle se déchaîna, toujours incidemment, à l’occasion de la loi sur les matières premières, contre le traité de commerce : Pouyer-Quertier répliqua aux apologies de Baroche, en déployant des qualités de verve, de force et de clarté qui ne tardèrent pas à le placer au premier rang des orateurs d’affaires dès qu’il se fut façonné à l’improvisation.

L’abaissement des droits sur les matières premières avait donné l’occasion d’une charge à fond de train contre le traité de commerce mais n’avait pas été contesté. Un dégrèvement proposé sur les sucres et les cafés mit en émoi les budgétaires. Les droits étaient exorbitans : 80 pour 100 pour les sucres, 100 pour 100 pour les cafés. Il était naturel que le corollaire d’un traité de commerce conclu en vue de créer la vie à meilleur marché fût une diminution des droits sur les objets d’une consommation aussi générale. Mais ce dégrèvement entraînait un déficit provisoire des, recettes et la suspension de cette chimère empirique