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(1639-1684) et Constantin (1670-1722), tous deux des artistes à la mode, très admirés, très recherchés, ne suffisant pas aux commandes. La Leçon de chant, la Leçon de basse de viole, le Portrait d’une jeune personne, montrent par quelles recherches d’élégance et quelle préciosité d’exécution ils savaient plaire à leur clientèle mondaine. Chez les élèves de Rembrandt, tant qu’ils n’ont pas oublié les exemples du maître, nous trouvons des œuvres d’un plus haut caractère, l’Annonciation aux Bergers et le Portrait de jeune fille par Flinck, la Bénédiction d’Isaac et un Portrait de jeune fille par Fictoor, Anne consacrant son fils au Seigneur, par Van den Eeckhout. On doit constater néanmoins qu’à la fin du siècle, ultramontaine ou nationale, la grande tradition chez tous est singulièrement affaiblie et toute prête à s’éteindre.


V

Durant la glorieuse période qui comprend les trois quarts du XVIIe siècle, ce n’est pas seulement dans le portrait et la peinture de mœurs contemporaines que les Hollandais avaient tenu le premier rang ; c’était aussi dans le paysage et dans tous les genres de peintures se rattachant au paysage, vues de villes et de monumens, tableaux, marines, animaux, fleurs, de tout ce qui est la bonne nature, vivante ou morte. Tous les peintres hollandais, à vrai dire, épris de vérité, admirant leur pays, amoureux de la vie, sont plus ou moins paysagistes. Aucun d’eux ne perd l’occasion de montrer un bout de campagne derrière ses figures, non plus que d’accumuler, devant et autour d’elles, le plus d’ustensiles possible toujours étudiés et rendus avec une passion joyeuse et scrupuleuse. Ce fut encore une des originalités de leur simplicité et de leur franchise d’aimer et de représenter la campagne solitaire et silencieuse, la campagne pour elle-même, sans interventions de réminiscences littéraires ou d’apparitions mythologiques. Simplicité mal récompensée tout d’abord, franchise tout à fait inconvenante et qui déplut au plus grand nombre !

Ce ne sont pas seulement les artistes supérieurs, dans la figure et le portrait, Hals, Rembrandt, Jan Steen, Pieter de Hooch, qui s’éteignirent dans l’abandon et l’indigence ! Le martyrologe des paysagistes, des vrais paysagistes, est plus long encore. Des trois plus grands, le premier, Van Goyen, spécule, pour vivre, sur les maisons, les tableaux, les tulipes, meurt insolvable ; le second,