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par lui-même, dont nous avons parlé. Aucune ne saurait faire oublier le Bon Samaritain, le Repas d’Emmaüs, la Bethsabée, le Portrait d’Hendrickie Stoffels.


IV

Presque aucun des peintres hollandais, entre 1620 et 1650, n’échappa à l’influence de Hals et de Rembrandt. Ceux qui parurent s’y soustraire le plus, ce furent les italianisans. Leur groupe, toujours considérable, très apprécié des amateurs riches et des bourgeois lettrés, continua à peindre, dans une manière molle, avec plus de prétentions que de charme, des mythologies maladroites, des nudités lourdes, des paysages conventionnels. C’est dans ce groupe que se conserve le culte de la facture correcte, sèche et froide, de la peinture unie, lisse et pâle qui finira par triompher avec l’école académique du XVIIIe siècle. Triomphe illusoire d’ailleurs et qui fut bien passager ! Tandis que tous ces favoris de la mode sont aujourd’hui oubliés, il n’est pas un seul petit maître de l’école naturaliste, de l’école indigène et populaire, de celle qui, à la suite de Hals et de Rembrandt, demeura tranquillement et résolument hollandaise, qui ne reprenne aujourd’hui sa place au soleil de la gloire, pas un seul dont nous ne soyons heureux d’admirer la loyauté et la franchise, l’esprit sain et la bonne humeur, dans leurs représentations naïves ou savantes de la vie simple qui les entourait, de leurs compatriotes et de leur pays.

Les italianisans de la génération précédente, à cheval sur les deux siècles, qui s’étaient trouvés en contact avec des artistes initiateurs, comme Baroccio, Michel-Angelo da Caravaggio, David Elzheimer, avaient apporté, on doit le reconnaître, un concours utile dans la formation définitive de l’École. La belle série de tableaux de corporations, réunis, depuis quelques années, au musée d’Amsterdam montre combien, pour la technique, les portraitistes hollandais ont emprunté aux Italiens. Dans la peinture d’histoire et de genre, les emprunts, plus apparens, sont plus nombreux encore. Bloemaert (1564-1651), d’Utrecht, la ville sacerdotale et classique, dont nous avons une Circoncision, malgré son maniérisme et les désaccords de sa palette, exerça, au moins comme compositeur, une longue influence sur ses compatriotes. Le petit Sacrifice d’Abraham par Pieter Lustman, le patron respecté de