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La mer, la mer ensoleillée, à perte de vue, — Sur les flots onduleux s’ébattent avec bruit mille tritons — frôlant de leurs épaules, — dans une coquille — flottante, — une femme — étalant sa nudité — sous le soleil.

Au-dessous d’elle, — ruisselans, — soulevant toujours de nouveau les parois de nacre éclatante, — gros, gras, amoureux, — semblables à des crapauds, — sept vieux ondins chauves.

Quelles figures ! Quels grognemens ! Quelles importunités !

Mais, — soudain, — s’élève furieux du fond de l’abîme — Neptune.

Sa barbe — étincelle :

« Drôles ! »

Et, Hickflack, son trident atteint les sept demi-poissons sur leur crâne nu.

Ils hurlent.

Puis, en un clin d’œil, — de-ci une nageoire, de-là un ventre apparaît encore : — les voilà partis.

La belle — sourit.

Neptune — s’incline.

« Madame ? »


Combien le choix de pareils sujets, qui trahissent maintenant le fantaisiste et le flâneur, doit désappointer M. Mehring, après les esquisses sociales, si puissamment brossées jadis par l’auteur. Cette négligence pour le fond de ses poèmes vient de ce que l’infortuné a adopté encore une nouvelle technique, du haut de laquelle il considère avec dédain son œuvre précédente, et surtout celle de ses émules. Il est de nouveau uniquement préoccupé de cette découverte. Lui qui, jadis, appréciait si fort les vers bien frappés, juge à présent que, dans la strophe la plus harmonieuse, se cache la banalité d’un « orgue de Barbarie. » Cette mélodie banale, c’est celle de la rime, et même de la mesure du vers, auxquelles il faut désormais déclarer la guerre. Le rythme seul doit subsister, et traduire les infinies délicatesses de la pensée du poète : et ce sera, non pas le rythme libre, ce qui, paraît-il, n’a aucun sens, mais bien le rythme « nécessaire ; » c’est-à-dire, si nous comprenons bien, le seul qui convienne au sujet traité et que l’instinct poétique doit découvrir, dans chaque cas particulier.

Dans deux articles de Neue Zeit[1], intitulés : Ma lyrique nouvelle, Holz expose sa récente invention par les moyens simples et familiers que nous avons appris à connaître lors de ses premières confidences esthétiques.

  1. T. XVII, p. 27 et 42.