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force à redevenir un praticien littéraire. Dans l’hiver de 1888 à 1889, il se mit à l’œuvre avec son ami Schlaf, et écrivit Papa Hamlet, tandis que, par ses discours enthousiastes sur le naturalisme conséquent, il donnait l’impulsion décisive à l’auteur de Avant le lever du soleil. Hauptmann avait lu d’ailleurs Fromont jeune et Germinal, Germinie Lacerteux et la Terre. La pratique des romanciers français lui vint donc en aide, aussi bien que leurs théories, mises au point par son jeune confrère en littérature.

Depuis la publication de l’Art, Holz a connu des jours difficiles, et n’a publié que trois brochures. En 1896, un nouveau drame berlinois, Die Socialaristocraten, sorte de Rabagas, qui met en scène quelques types de journalistes avancés dans la capitale prussienne ; spirituelle esquisse, dans laquelle toutefois l’auteur ne semble pas se préoccuper beaucoup des théories précédemment proclamées avec tant de fracas. Puis, en 1898 et 1899, deux petits volumes de vers, sous le titre commun de Phantasus, qui était déjà celui de la première partie de son Livre du temps. Ces poésies marquent une évolution inattendue dans la manière de l’écrivain, si longtemps infidèle à la Muse et fervent de la prose naturaliste. En effet, le Phantasus nouveau est encore l’œuvre d’un poète. Il y a de la grâce, de l’émotion, de la force quelquefois dans ces minuscules croquis, qui souvent, ne comptent pas quarante mots. (L’un d’eux en a exactement vingt-trois.) Mais combien mince et menue apparaît l’inspiration, jadis si large et si débordante dans les Chants d’un Moderne. Prêtons encore l’oreille à quelques-uns de ces rythmes. On dirait parfois la brève traduction d’une estampe moderne en grisaille que relève un seul point coloré d’un ton criard.


Dans le Thiergarten, sur un banc, je m’assois et je fume, — et je me réjouis du beau soleil de l’après-midi.

Devant moi, étincelant, le canal, — reflétant le ciel, et balançant doucement ses deux rives.

Sur le pont, d’une allure lente, chevauche un lieutenant.

Au-dessous de lui, — entre les sombres couronnes des châtaigniers qui flottent, — contournée en tire-bouchon dans l’eau, — avec son collet d’un rouge de cire à cacheter, — son image !

Un coucou — chante.


Ou encore, n’est-ce point un Boecklin, cette ébauche où se retrouve le goût caricatural un peu lourd du maître bâlois ?