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qui a dépassé 100 000 tonnes en 1899, dépassera probablement 150 000 en 1900. Il est regrettable, sans doute, qu’une notable partie des gisemens de nickel appartienne à des sociétés étrangères et il serait à souhaiter que nos capitaux se montrassent moins timides ; mais les mines, quels qu’en soient les concessionnaires, attirent en Calédonie des immigrans, donnent de l’activité au commerce de l’île, stimulent toutes les branches de l’industrie locale ; le profit sera plus sensible encore quand on aura enfin réussi à installer et à faire vivre sur place des fonderies de nickel[1]. A la France, l’ouverture des mines calédoniennes a permis de faire concurrence à l’Allemagne et à l’Angleterre qui détenaient jusque-là le monopole de la métallurgie des nickels ; une grande fonderie, créée au Havre, fournit annuellement 18 000 tonnes de métal. Un heureux résultat indirect de l’exploitation des minerais calédoniens a été d’aider à pallier une imperfection de la loi de 1893 sur la marine marchande, qui pousse outre mesure à la construction des voiliers ; pour le transport sur de très grandes distances de matières lourdes et de peu de valeur, ces bâtimens sont les plus avantageux ; favorisés par la régularité des vents, ils font la traversée de France en Calédonie en 90 jours, pendant que les cargo-boats n’en mettent pas moins de 60 à 65 ; aussi les emploie-t-on volontiers pour le transport des minerais ; les armateurs ont trouvé là un moyen pratique d’utiliser les bâtimens à voiles construits en ces dernières années pour profiter de la prime.

Les gisemens de cobalt sont très rares dans le monde, et l’on pourrait appliquer à ce métal, toutes proportions gardées, les observations que nous venons de faire à propos du nickel ; la découverte du cobalt en Calédonie a fait subitement baisser de 60 à 15 francs le prix du kilogramme ; la Calédonie fournit les 2/3 du cobalt employé dans le monde entier, elle règle le cours de ce métal, dont l’emploi est malheureusement très limité. — L’exploitation du cuivre, longtemps suspendue, a été reprise avec succès en ces dernières années ; le minerai est transporté en Australie

  1. L’on espère actuellement parvenir, par un nouveau procédé électrique, à séparer le nickel de la plus grande partie des matières inutiles.