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on trouve le nickel en quantités énormes, à fleur de terre, à proximité de la mer, dans des conditions générales d’exploitation excellentes. Nulle part le minerai n’est aussi abondant, aussi riche en métal pur[1]. Tous ces avantages ont fait de la Nouvelle-Calédonie, malgré l’énorme distance qui la sépare des grands centres métallurgiques, le premier pays pourvoyeur de nickel, et la maîtresse du marché de ce métal. Les mines du Canada[2] elles-mêmes, bien que très heureusement situées, n’ont pas pu vaincre la concurrence calédonienne. Les minerais calédoniens sont embarqués au pied même de la mine ou à l’extrémité de petits chemins de fer à voie étroite, principalement à Thio, sur de grands voiliers qui les transportent au Havre, à Anvers, à Rotterdam, à Swansea et à Glasgow ; ils vont même jusqu’à New-York lutter, sur leur propre terrain, avec les nickels canadiens. Nous ne saurions entrer ici dans l’histoire, cependant très instructive, de l’exploitation des nickels calédoniens, depuis la première tentative d’extraction en 1875 et la fondation de la société « Le Nickel » en 1880, jusqu’à la crise de 1893, causée par la surproduction et par l’ouverture des mines américaines, et jusqu’au renouveau actuel de la prospérité. Contentons-nous de constater que, depuis 1897 environ, l’épuisement des anciens stocks et l’accroissement de la consommation ont provoqué le relèvement des cours, la création de nouvelles sociétés et l’exploitation de nouveaux gisemens[3]. L’exportation des minerais,

  1. Le minerai exploité est un silicate double de nickel et de magnésie ; la teneur en métal la plus courante dans les gros chargemens de plusieurs milliers de tonnes varie de 7 à 10 p. 100 ; mais on délaisse, pour obtenir cette proportion, des masses énormes de minerai contenant 4 à 5 pour 100 de métal. Certains échantillons atteignent jusqu’à 30 p. 100.
  2. On exploite à Sudbury, au nord du lac Supérieur, des pyrrhotines nickelifères qui ont l’inconvénient grave de contenir de l’arsenic et de ne renfermer qu’une faible proportion de métal (3 1/2 p. 100).
  3. Le tableau des dividendes distribués par la société « Le Nickel » et du cours moyen des actions montre bien les fluctuations de la valeur du nickel et de la prospérité des mines calédoniennes.
    Exercices. Dividendes. Cours moyen des actions.
    francs. francs.
    1890-91 40 823 en 1891
    1891-92 40 961 » 1892
    1892-93 30 705 » 1893
    1893-94 0 444 » 1891
    1894-95 0 210 » 1895
    1895-90 0 165 » 1896
    1896-97 0 245 » 1897
    1897-98 0 282 » 1898


    Les résultats de l’exercice 1898-99 ne sont pas encore connus ; mais il a été mis en paiement, le 8 novembre 1899, un acompte de 10 francs par action ancienne et de 2 francs par action nouvelle sur le dividende de l’exercice 1898-99.
    Le cours du nickel est actuellement de 3 fr. 50 environ le kilogramme. Il était de 5 fr. 20 en janvier 1893 et descendit ensuite d’une façon continue jusqu’à 2 fr. 40 à la fin de 1895. Il était de 3 francs en 1897-98.