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d’Auckland et de San-Francisco et l’on verrait bientôt monter les chiffres du commerce avec la France. La multiplication des relations entre Tahiti, la Nouvelle-Calédonie et les îles intermédiaires donnerait certainement plus de vie à cette petite France des antipodes ; elle permettrait de mettre en valeur certaines îles presque abandonnées, comme les Tonga, par exemple, où nous avons d’anciens droits, mais où la France n’est guère représentée que par les missionnaires ; et, surtout elle obligerait enfin le gouvernement à trancher la question, depuis si longtemps pendante, des Nouvelles-Hébrides où bon nombre de colons français se sont installés. Sous ce climat plus chaud et plus humide, nos compatriotes néo-calédoniens sont allés chercher les produits des pays équatoriaux et ont fait de cet archipel une véritable « colonie tropicale, » qui complète, au point de vue économique, la Nouvelle-Calédonie. Cette occupation de fait, la prédominance des intérêts français, font au gouvernement un devoir de ne pas abandonner, malgré les protestations des Australiens, les droits de nos nationaux aux Nouvelles-Hébrides.

La Nouvelle-Calédonie est le centre naturel de nos colonies du Pacifique ; Nouméa en est le grand port, la fenêtre ouverte sur le monde australien et européen. Consciente de son rôle de capitale, Nouméa s’efforce d’en remplir les fonctions. Le Conseil général, dans sa session de décembre 1898, a voté l’émission d’un emprunt de dix millions, dont la moitié sera consacrée à l’amélioration du port : un bassin de radoub va être creusé aux frais de la colonie ; les bâtimens de l’Etat ou du commerce ne seront plus obligés, pour réparer leurs avaries, d’aller dans un port anglais, à Sydney ou à Auckland. La construction d’un wharf, l’achat d’une grande et d’une petite drague, la destruction de quelques écueils rendront le port de Nouméa mieux adapté aux besoins de la grande navigation.

Centre d’attraction économique pour les îles françaises de la Polynésie, la Nouvelle-Calédonie est aussi le réduit naturel de la défende militaire. Le décret du 4 octobre 1898 classe Nouméa parmi les « points d’appui » de la flotte ; ces fameux « points d’appui, » qui devront être les bases d’opération ou les ports de refuge de nos escadres dans les différentes mers du globe, occupent en ce moment l’opinion du public et du parlement. Souhaitons que les projets adoptés aboutissent à une prompte réalisation. Les Australiens, ne l’oublions pas, convoitent ouvertement