Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 158.djvu/681

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Or, et c’est là le fait remarquable, tous les enchaînemens nerveux, depuis les plus simples jusqu’aux plus compliqués, dont on pourrait croire qu’ils offrent une infinie variété, sont conformes à ce prototype élémentaire. Une manifestation nerveuse est un cycle réflexe ou une association de cycles réflexes. Il en résulte que la connaissance parfaite du cycle simple entraînerait celle des manifestations les plus complexes et suffirait à débrouiller les problèmes les plus obscurs des fonctions nerveuses.


Voici comment il faut comprendre cet acte élémentaire : Toute manifestation nerveuse a pour point de départ une stimulation. Transmise à un organe appelé centre nerveux, cette excitation en provoque l’activité et revient, plus ou moins modifiée, à un organe qui la traduit par quelque phénomène apparent. Au début de l’opération, un appareil pour recueillir la stimulation ; à son terme, un appareil pour la manifester ; entre ces extrêmes, un centre pour la transformer ; des voies de communication pour l’amener de l’une à l’autre de ces trois stations ; tel est le dessin de l’appareil nerveux élémentaire, appelé, par un médecin anglais, Marshall Hall, arc diastaltique, et, par le plus grand nombre des physiologistes, arc réflexe. Cet appareil est l’instrument de l’acte nerveux élémentaire, prototype de tous les autres, c’est-à-dire de l’acte réflexe ou cycle d’excitation.


Affirmer que le point de départ de toute action nerveuse est dans une stimulation extérieure revient à dire que le système nerveux n’a point de spontanéité ; et cette notion, si familière aux hommes de science, heurte certainement l’opinion commune qui considère comme spontanés le plus grand nombre des phénomènes nerveux. En réalité, Parc diastaltique n’entre en jeu que sous une provocation : de lui-même, si rien ne venait le solliciter, il resterait indéfiniment inerte. Cette condition, d’ailleurs, ne lui est point particulière. Tous les appareils, tous les organes, tous les tissus sont soumis à la même loi. Ils n’entrent en exercice que sous une sollicitation préalable ; leur activité est une réaction ou une réplique : elle a, tout au moins, besoin d’être amorcée.

Cette vérité doit être affirmée d’autant plus énergiquement que le préjugé général la méconnaît davantage. Les physiciens disent que la matière est inerte, c’est-à-dire incapable de sortir de son état actuel de repos ou de mouvement, d’elle-même, et sans le